Maxwell Sim, 48 ans, Watford, Angleterre. Sa femme l’a quitté, emmenant leur fille pré-adolescente. Il est en dépression, qu’il attribue à cette défection. Il vient d’aller rendre visite à son père en Australie. Il voit une scène banale d’intimité entre une mère et sa fille dans un restaurant, et soudain ne supporte plus sa solitude, brûle de connaître un jour lui aussi cette forme d’intimité, cette proximité tranquille qui n’a nul besoin d’être nourrie ni entretenue, et à laquelle il lui semble n’avoir jamais accédé (et pour cause, surprise finale). Max n’a plus les codes de la communication avec autrui, et bousculé par son envie de changer les choses, il va faire rencontre sur rencontre des plus particulières… Jonathan Coe a tout compris à tout, et dans ce roman il nous propose un paysage varié – et toujours convaincant, quels que soient les chemins et les styles employés – de quelques-uns de ses chevaux de bataille. On rit beaucoup (vrai rire sonore en ce qui me concerne) à des passages comme l’ouverture de sa boite mails (la traduction est tellement drôle, bravo !), on sourit aux dialogues souvent très réussis, on savoure ce côté terriblement anglais, décalé, pince-sans-rire et qui est très souvent à l’extrême limite entre le tragique et l’humour, qui fait un peu mal tout en nous rendant accro. On apprécie la construction à tiroirs, avec insertion d’une nouvelle, d’un mini-essai et d’une belle lettre. Mais surtout on est pris dans une histoire très tendre, originale, qui nous parle de l’identité des communautés urbaines, de l’uniformisation à outrance, des liens noués sur le net, de l’émancipation qui peut en découdre, des gens qui prennent l’argent comme un but en soi, de choses qu’on a tellement de mal à s’avouer à soi-même parfois, du pouvoir de la littérature… Le tout avec à la fois beaucoup de délicatesse et un entrain qui ne se dément pas un seul instant. Très jolie chute en plus.