Il est beaucoup question de météo dans cet envoûtant roman de Sue Hubbard, et comme le titre « Le chant et la pluie » le laisse imaginer, de poésie également. Martha est anglaise, professeure, et fervente amatrice de littérature. Elle débarque en plein hiver sur cette côte ouest de l’Irlande, la terre où son mari a grandi et possédait un cottage qui lui appartient maintenant que Brendan est mort brutalement d’une crise cardiaque. Ce lieu n’a jamais été le sien mais il lui rappelle le dernier été où ils ont été heureux tous les trois, leur fils Bruno, Brendan et elle il y a maintenant une vingtaine d’années.
Lorsqu’elle débarque, en plein hiver, le temps est à l’image de son humeur : maussade avec avis de tempête et peu d’éclaircies. La maison est glaciale, mais pleine de la présence de Brendan. Galeriste et critique d’art, c’est là qu’il venait se réfugier pour écrire. Les livres, les papiers en désordre, le travail en cours, les photos, rendent plus douloureuse son absence. Durant son séjour, Martha va s’attacher à mettre de l’ordre dans sa vie, au propre comme au figuré, mais aussi à faire connaissance des gens qu’il fréquentait : son ami d’enfance, Eugene, qui a fait fortune dans l’immobilier et veut soumettre la sauvagerie de ces paysages à ses projets hôteliers ; le vieux Paddy qui n’a pour ainsi dire jamais quitté l’île ; et puis Colm, le barde, qui s’occupe des troupeaux de sa mère la journée, joue de la musique dans les pubs le soir et écrit la nuit. Martha va peu à peu s’approprier le lieu, l’apprivoiser, et apaiser enfin le chagrin qui l’occupait tout entière depuis la perte de son fils. Lorsqu’elle s’en va, la météo devient enfin plus clémente et « le soleil perce l’épaise couche nuageuse, peignant un chemin argenté sur le vieil océan. »