Le complexe d'Eden Bellwether
Benjamin Wood

Zulma
août 2014
512 p.  23,50 €
ebook avec DRM 9,49 €
 
 
 
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coup de coeur

Superbe

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Oscar travaille dans une maison de retraite. En chemin, il est littéralement happé par le son de l’orgue et les chants d’une chorale, entre dans la chapelle, .où il rencontre Iris Bellwether qui changera complètement sa vie.
A partir de cet instant, il va fréquenter la famille Bellwether dont le frère Eden, celui qui l’a enchanté avec son orgue.
Un jeu, sorte de bizutage, où Eden hypnotisera Oscar et lui enfoncera un clou dans la paume. Eden est-il fou, mégalo, mage, pervers narcissique, affabulateur ?
Oscar décide d’entrer en contact avec Herbert Crest pour savoir et aider Iris.
Benjamin Wood, à l’instar de son personnage se joue de nous, nous manipule. Le début est un peu lent car je me demandais où l’auteur voulait en venir. Une fois harponnée, il m’a fallu aller jusqu’au bout, suivre les pistes vraies ou fausses, bref, passer une nuit blanche pour arriver au dénouement.
J’oscille entre l’humanité, la gentillesse d’Oscar et l’âme noire d’Eden. Entre Eden garçon de la haute friqué et Oscar qui doit subvenir à ses besoins. Eden soignerait les gens par ses pouvoirs et Oscar a le pouvoir de faire du bien aux gens qui l’entourent comme le Docteur Paulsen, résident de Cedarbrook, la maison de retraite où travaille. Ange versus démon. Deux hommes qui cachent leurs failles, leur fragilité.
Un coup de cœur pour ce premier roman haletant qui joue sur l’ambigüité.
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coup de coeur

Du génie ou de la folie ?

Au détour d’une rue, Oscar est happé par la musique qui s’échappe de l’orgue du King’s College de Cambridge. Jeune aide-soignant dans une maison de retraite, il n’est pas particulièrement croyant. Pourtant, une force invisible l’attire irrésistiblement dans cette chapelle. Subjugué par la beauté des mélodies, il ne parvient pas à expliquer ce sentiment qui le bouleverse. Dans l’assemblée, il remarque une jeune femme qu’il ose aborder sur le parvis après le concert. La belle Iris est violoncelliste et n’est autre que la sœur de l’organiste virtuose : Eden Bellwether.

Avec cette passion amoureuse, Oscar met le doigt dans un engrenage infernal. Il rencontre les amis des Bellwether, tous étudiants issus de familles aisées, promis à une grande réussite professionnelle. Malgré ses origines modestes, il parvient rapidement à s’intégrer à la petite bande dont Eden est le gourou. Doté d’une aura particulière et d’une intelligence hors-pair, ce dernier est convaincu que la musique a le pouvoir de manipuler l’âme, et même de guérir les corps. L’apprenti sorcier va tout faire pour démontrer ses théories, allant jusqu’à mettre la vie de ses proches en danger…

Mais bien plus que le complexe d’Eden, à la fois personnage éponyme et héros antique, demi-dieu adulé de tous, c’est aussi celui d’Oscar, qui n’est pas né avec une petite cuillère en argent dans la bouche. Ce anti-héros n’a pas la grandeur d’Eden, son génie, et pourtant, la chute de l’un mènera l’autre à son ascension.

Dès le prélude, cette issue tragique se dessine, nous plongeant d’emblée dans une atmosphère tendue. Qui sont ces morts étendus sur le sol ? Quelles sont les causes de ce désastre ? L’auteur tisse habilement sa toile autour du lecteur qui se laisse manipuler avec plaisir, haletant et avide de rassembler les pièces du puzzle. Une construction remarquable pour une histoire qui ne manque pas de rebondissements.

C’est donc un premier roman envoûtant que signe Benjamin Wood. Il traite avec brio de la recherche obstinée de la perfection. Eden est le Balthazar Claës de la musique baroque. Tout comme dans « La recherche de l’absolu » de Balzac, le roman soulève une question fondamentale : où s’arrête le génie, où commence la folie ? Avec Eden, l’auteur explore un cas passionnant de mégalomanie, sans pour autant donner de réponses sur les limites de la science.

Jouant avec les codes du thriller, « Le complexe d’Eden Bellwether » nous tient en haleine pendant 500 pages sans faillir. Hypnotique.

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Un premier roman réussi

Un soir, alors qu’il rentre en vélo de Cedarbrook, la maison de retraite dans laquelle il est aide-soignant, Oscar est attiré par le son envoutant d’un orgue. La musique qui s’échappe de la Chapelle de King’s Collège résonne en lui d’une incroyable manière. Elle semble l’appeler. Le voilà à Cambridge, déjà étranger sur ce territoire arpenté par les étudiants issus de familles aisés, sur le point d’entrer dans une église, malgré son athéisme. Oscar n’en revient pas lui-même. Cette musique l’aurait-elle ensorcelé ? Une fois la porte poussée, le jeune homme est ferré. Il ne le sait pas encore mais il est désormais sous l’emprise de l’organiste, un certain Eden Bellwether, musicien amateur talentueux. Dans la foule, Oscar fait la connaissance d’Iris – la soeur d’Eden – elle-même violoncelliste. L’attraction amoureuse entre eux deux est immédiate.
Très vite, Oscar va pénétrer dans l’univers d’Eden et Iris, de leurs parents et de leurs amis Yin, Jane et Marcus, des jeunes gens érudits, tous promis à un bel avenir professionnel. Un univers à l’opposé de celui d’Oscar, qui a grandi dans une famille modeste à l’ambition restreinte. Et contrairement à ce cercle d’amis, lui s’assume déjà. Son salaire n’est pas mirobolant mais il est libre. La tête sur les épaules, sincère, bienveillant, sain, l’esprit ouvert et curieux, Oscar s’intègre pourtant aisément à l’entourage d’Eden. Ce dernier est arriviste, nombriliste, hautain, persuadé d’avoir un don de guérisseur. Sa soeur, pressentant un danger, compte sur Oscar pour observer les agissements de son frère, le soupçonnant d’être atteint d’une maladie psychiatrique. Génie magnifique à l’orgueil démesuré, pervers manipulateur, grand orgueilleux, virtuose diabolique, Eden est un personnage étrange, froid et détestable. Et pourtant si fascinant que même Oscar se fait enrôler.
À Cedarbrook, Oscar s’est lié d’amitié avec un patient, Monsieur Paulsen, qui fut autrefois un professeur émérite à l’université de Cambridge. Par son intermédiaire, le jeune homme fait la connaissance du professeur Crest, un vieux scientifique qui étudiait les maladies psychiatriques. Il lui parle évidemment d’Eden…
Une tension palpable court tout au long du roman. Dès les premières lignes, on connait la fin, on sait qu’il y aura un drame. Un long flashback, à la manière d’un puzzle, reconstitue l’histoire. On assiste impuissant à la chute d’un personnage et par répercussion à celle de ceux qui l’entourent. Un premier roman réussi qui parle avec brio d’amitié et d’amour, d’emprise psychologique et de manipulation, de séduction et de folie, de surnaturel et de rationnalité, et surtout d’espoir, « Le fol espoir », cette attente bien souvent vaine qui vous maintient dans une sorte d’état second, un joli mirage… qui ne dure qu’un temps.
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