Le Dessin des Routes
Anna Dubosc

Rue Promenades
mars 2014
144 p.  12 €
ebook avec DRM 4,99 €
 
 
 
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Egarés de la vie

J’avais aimé « La fille derrière le comptoir » et c’est donc avec une certaine curiosité que j’ai suivi le dessin des routes.

« Ça fait cent ans que je suis né. Dans ma tête, j’ai cent ans » Ainsi débute le dernier livre d’Anna Dubosc. Ainsi parle Arnaud, quadra en friche. Il végète entre son boulot, le rad où il picole avec ses copains, son scooter, sa mère et ses jules qui défilent. Les avances de la gamine de 13 ans, fille de sa logeuse le font bander, mais il ne cèdera jamais. C’est un mec droit.

Tout au long de ce livre, j’ai vu un beau défilé de gueules cassées, fracassées par la vie, la loterie leur été favorable au jeu des paumés. Ils ont gagné le gros lot.

Oui, il y a eu une grosse erreur lors de la distribution des rôles entre Arnaud centenaire, sa mère -et ses jules- éternelle adulescente, même pire, car elle ne doit plus être très jeune. Diane totalement immature, mère d’un garçonnet, Paul, qui fait l’école buissonnière comme sa mère fait maman buissonnière, le père incompétent et Paul qui est peut-être le plus mature…

Ces « héros » n’ont rien de sympathique, on a envie de les secouer, puis on s’y attache. Rien à faire, l’impression que leurs destins sont tracés. Ils me font penser à ses insectes qui se brûlent les ailes à la lumière des ampoules. Impossible de changer de destin, de prendre volontairement une autre direction, un autre chemin. Pourtant ce livre n’est absolument pas sordide, il y a de l’amour, de la bonté, même s’ils ont abandonné toute velléité d’espoir, baissé les bras.

Avec des phrases percutantes, courtes et pourtant d’une grande douceur elle narre la rencontre entre ces paumés, la rencontre entre Arnaud et Paul. Ce fut bref, comme un rayon de soleil perçant entre des nuages noirs, une embellie, cela a eu le mérite d’exister.

Après, chacun reprend sa route -même sans dessein- pour aller où ? Reprendront-ils le « droit chemin » ou emprunteront-ils encore et toujours des chemins de traverses ? Arriveront-ils à surmonter ce désespoir quotidien qu’ils parent des falbalas de liberté ?

Un très bon livre sans pathos sur des égarés de la vie qui essaient de vivre, même mal

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