En France, nous avons découvert Jennifer Haigh en 2017 par son roman le plus récent, « Ce Qui Git Dans Ses Entrailles », un roman époustouflant. C’est toujours avec autant de crainte que de curiosité qu’on ouvre un autre roman quand celui qui nous a invité dans l’univers d’une autrice possédait une telle force. Ce « Grand Silence » est à la hauteur !
Nous y suivons Sheila, la trentaine, tandis qu’elle se débat avec l’actualité brûlante de 2002 : son demi-frère aîné, prêtre catholique, est accusé d’attouchement sexuel sur un enfant. C’est elle qui raconte, a posteriori. Elle prend le temps d’installer l’histoire de sa famille (pas simple), les relations installées entre ses frères, ses parents et elle (compliquées), et dans un premier temps, raconte le plus objectivement possible ce qu’on été les réactions de chacun au moment des faits (viscérales). Elle reconstitue ensuite, comme après une enquête journalistique, ce qui se passait plus profondément. Le fait de passer par sa narration, pas neutre malgré ses efforts, donne un réel poids aux interrogations des uns et des autres et le suspens est nourri. C’est une histoire très triste et profondément bouleversante, qui a le mérite de poser de très bonnes questions et qui aborde courageusement un sujet inacceptable.