Après le succès d’« Un été à Bluepoint », Stuart Nadler revient avec l’histoire de trois générations de femmes en crise. Evitant les stéréotypes et la mièvrerie, son roman parle du désir féminin, des difficultés de transmission et de l’importance du souvenir.
Une, deux, trois femmes
Oona, brillante chirurgienne récemment séparée de son mari, est revenue s’installer chez sa mère Henrietta Olyphant, veuve depuis un an, endettée, qui s’apprête à vendre sa maison. Lydia, la petite-fille, est pensionnaire dans un lycée huppé du Vermont, où une photo d’elle dénudée circule, après avoir été volée par son petit ami. Autour, un mari encore amoureux et jaloux, un fantôme presque parfait, un ennemi pervers et peu d’amis. On pourrait croire que ces trois femmes vont se retrouver dans la maison familiale pour se soutenir, disserter de longues heures sur les hommes, la vie, l’amour, il n’en est rien : « les déclarations d’amour étaient tues, ou du moins refoulées et déguisées en ces ingrédients typiques du dysfonctionnement mère/fille/petite-fille : culpabilité, conflit, honte, petits gâteaux. Si vous étiez une Olyphant, vous deviez comprendre que ces éléments représentaient d’acceptables substituts de l’amour ». En réalité, nos trois héroïnes pourraient n’être qu’une seule et même femme observée à des moments charnières de sa vie.
Le roman du désir féminin
En arrière-fond plane l’ombre d’un roman érotique écrit par Henrietta au milieu des années 1980, un plaidoyer pour le plaisir féminin ayant été incompris et raillé, avant de ruiner la carrière de son auteure, ancienne universitaire féministe. Le sujet est toujours d’actualité : redevenue célibataire, Oona n’est plus sûre de son pouvoir de séduction et hésite à céder aux avances de son thérapeute ; sa mère se livre au badinage tout en vivant dans le souvenir de son mari, alors que l’adolescente s’interroge sur la féminité et le désir. Roman de femmes nostalgique et caustique, « Les inséparables » n’est jamais là où on l’attend, se moque des clichés et des personnages de banlieues chics qui apprennent à se détacher de leurs idéaux.