Au siècle d’Or des Pays-Bas, être une domestique, même placée chez un libraire sympathique comme Thomas Sergeant, n’augurait en rien d’un avenir souriant. C’est grâce à l’un des invités prestigieux du libraire, René Descartes, qu’Helena la jeune servante se libérera des carcans qui l’empêchent d’être pleinement elle-même. La jeune femme est en avance sur son temps, rebelle et curieuse, assoiffée de connaissances, loin de la retenue attendue pour une servante « illettrée ». Avec cette rencontre entre le philosophe français et Helena, qui eut véritablement lieu (ils eurent même une fille, Francine), Guinevere Glasfurd construit un premier roman passionnant. Elle fait revivre Amsterdam dans les années 1630, s’attache à resituer ses personnages dans l’époque en s’appuyant sur des faits réels. Et, surtout, elle excelle à restituer la pensée du philosophe en plein maelstrom d’émotions, juste après la condamnation de Galilée. Descartes, qui a terminé la rédaction de son « Traité du monde et de la lumière », s’interdit de le publier. Entre deux périodes de turbulences, intellectuelles et personnelles, il enseigne l’écriture à Helena dont la joie de vivre l’apaise autant qu’elle le stimule. Elle deviendra son amante, la mère de son enfant (qu’il reconnaîtra, dans la fiction comme dans la vraie vie) et une amie avec qui il aura une correspondance soutenue pendant plusieurs années. Leur relation, évidemment, n’est pas acceptée par tous, à commencer par le serviteur fidèle de Descartes, un homme mal dégrossi appelé Limousin mais qu’importe… Le roman est parsemé de citations extraites des textes fondamentaux du philosophe, invitant à redécouvrir une pensée révolutionnaire au 17e siècle. Il n’est qu’à se rappeler de l’incroyable succès de « La jeune fille à la perle », de Tracy Chevalier paru en 2004 pour miser sur un engouement similaire avec l’histoire passionnante d’Helena Jans van der Strom.
