« Il existe une histoire…une vieille histoire, plus vieille que n’importe qui ici. C’est un homme avec une nageoire, il vit dans la mer. Il lui pousse des jambes et il rejoint la terre quand les gens ont besoin de lui. »
Je vous engage au voyage…
Laissez le continent, partez pour Perla, ile battue par les vents, aux habitants en liens familiaux croisés, vivant d’élevage et de pêche, nourris aux légendes depuis des siècles.
La petite communauté d’insulaires est grandement perturbée par l’échouage d’un homme inconnu, épuisé et amnésique. Qui est-il et que veut-il?
Les blessures secrètes de chacun ressurgissent, perturbant une routine, une tranquillité trompeuse, en particulier pour Maggie, brisée par la disparition en mer de Thomas.
Il en est de même pour tous les autres, hommes bourrus et taiseux, adolescents fragiles, femmes industrieuses et courageuses, aux mains qui soignent, construisent, caressent.
L’ile est magnifiquement dépeinte, par couleurs, odeurs, paysages tourmentés, cotes escarpées, ciels illuminés. Et la mer omniprésente, partout. La vie se déroule dans les petites choses: un chat qui dort, un vélo qui grince, un robinet qui goutte. L’ ambiance est au mystère, aux croyances anciennes des malédictions, à la tristesse du temps passé et de son lot de pertes et de deuil.
Susan Fletcher revisite le courant romantique en ancrant un mythe dans la modernité, entre espérance et enchantement. Elle nous parle d’amour conjugal, fraternel, filial, de toutes sortes d’amours, sans mièvrerie. L’écriture est poétique, descriptive, sensible, les mots sont posés au pinceau. Le principe d’écriture mêlant les dialogues à la narration ajoute une touche intime, comme un chuchotement.
J’ai adoré!
Et pourtant, les histoires de contes et légendes ne sont pas mon « truc » et je m’interroge encore sur ce qui m’a fait entrer en apnée dans ce magnifique roman. Une alchimie entre l’histoire et la manière de la raconter, sans aucun doute!
L’ Homme-poisson, doux géant bienfaisant, doit y être pour quelque chose…