Dans une Amérique de cauchemar, où des fièvres déciment les populations, où règne en maître la débrouille, on découvre une femme qui vit seule dans une grande maison, vestige de temps plus heureux et plus « normaux ». Elle doit sans cesse lutter pour préserver le semblant de sécurité et de tranquillité qui a été conquis par sa famille dans des circonstances qui nous sont progressivement dévoilées.
Au coeur de ce monde dystopique, la vie entre les différents groupes humains semble relever du Far-West, avec des familles ou des petits chefs qui asservissent leurs voisins.
Entre rêve et réalité, on suit la rencontre de l’héroïne avec un homme venu requérir ses services. Petit à petit, une relation ambigüe se noue entre eux, jusqu’à la terrible fin.
Tout au long de ma lecture, j’ai eu l’impression de regarder un film avec des plans longs et lents, vaporeux, avec parfois des gros plans des éléments particuliers : animaux, humains, chemins…
La relation entre les deux soeurs (d’où le titre) m’a fait penser à « Dans la forêt » , même si dans ce livre, il s’agit plutôt d’une relation antagoniste que complice.
J’ai trouvé cette histoire inquiétante, angoissante. Elle laisse peu de place à l’espoir, même si la rédemption semble possible pour le héros masculin. J’ai eu le sentiment que, contrairement à ce qui est annoncé sur la quatrième de couverture, ce n’est ni la lecture ni l’écriture qui sont au centre de l’histoire, mais la capacité à aimer et à faire confiance à autrui. Ce sont ces dispositions d’esprit qui rendent possible un avenir meilleur, voire un avenir tout court. C’est la capacité à se pardonner à soi-même, à choisir de faire ce qui est bon et bien qui permet à l’espoir de ne pas totalement disparaître quand l’être humain est confronté à des épreuves qui le dépassent.
Une vraie expérience de littérature.