Après un premier volume réunissant les romans aux « héros ordinaires », voici un deuxième tome consacré aux « héroïnes ». Trois titres, qui ont pour personnages principaux des femmes dans la peau desquelles Douglas Kennedy s’est glissé avec bonheur (les histoires sont racontées à la première personne). Parmi eux se trouve son meilleur livre, mon préféré en tout cas : « La Poursuite du bonheur ». Lorsqu’il se lance dans cette tragédie sur fond de maccarthysme, il n’est plus un inconnu, mais n’est pas encore l’auteur à succès que l’on connaît aujourd’hui : il a publié un récit de voyage au lectorat confidentiel (« Piège nuptial »), un roman qui s’est très bien vendu (« L’homme qui voulait vivre sa vie » ) et un autre dans cette même veine mi-polar, mi-récit de société (« Les désarrois de Ned Allen »), qui a fait un flop, en Amérique du moins. Avec « La poursuite du bonheur », il décide de se lancer dans ce qu’il a vraiment envie d’écrire : une romance sur fond politique, mettant en scène une période peu glorieuse de l’histoire des Etats-Unis. Il y consacre une année, sans savoir s’il trouvera un éditeur ou pas. Les Etats-Unis refusent le manuscrit, les Anglais le publient sans enthousiasme (il ne deviendra un best-seller que dans sa version poche), mais les Français en revanche sont emballés. A partir de là, il devient un écrivain que l’on attend avec impatience, mais ce sera un peu plus tard, avec « La femme du Ve », pourtant pas très bon, qu’il se transformera en star des librairies !
Dans la touchante préface de cet Omnibus, il établit un parallèle entre sa vie et ce qu’il écrit. A la fin des années 90, il se trouvait, pour reprendre l’un de ses titres, dans un cul de sac, tirait le diable par la queue, il venait d’apprendre que son fils souffrait d’autisme et ses compatriotes, après lui avoir fait un pont d’or pour ses deux premiers livres, le dédaignaient. Le thème récurrent de ces trois fictions fait écho à son parcours : « c’est le thème de la résistance aux épreuves, de la survie, de la manière dont la vie nous oblige fréquemment à découvrir en nous des ressources dont nous ne soupçonnions pas l’existence, de l’instinct de conservation qui nous permet souvent de nous tirer tout seuls des eaux les plus tumultueuses. » Quelques années après, ces eaux tumultueuses ressemblent à un lac paisible, il est à nouveau publié aux Etats-Unis, son fils est entré à l’université, et il enchaîne les best-sellers… Un vrai happy end !