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Mon désir le plus ardent
Pete Fromm
traduit de l'anglais par Juliane Nivelt
Gallmeister
americana
avril 2018
283 p. 22,70 €
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coup de coeur
Des superhéros du quotidien
Pete Fromm s’est fait connaître avec « Indian Creek », chronique autobiographique d’un hiver dans les Rocheuses. Dans « Lucy in the sky », il s’était glissé dans la peau d’une adolescente, et dans ce dernier roman, sa narratrice est une femme malade. Sans jamais céder au pathos, l’auteur du Montana écrit une bouleversante histoire d’amour, doublée d’une rage de vivre et d’une soif de liberté qui le caractérise.
Lorsque Maddy rencontre Dalton, c’est le coup de foudre ; ils ont en commun la passion de la nature, les descentes en eaux vives, la pêche, et se marient au bord de la rivière Buffalo, dans le Wyoming. Ils ont vingt ans et toute la vie devant eux pour réaliser leurs projets : fonder une entreprise de rafting, vivre dans une cabane près d’un ruisseau, faire un bébé et s’aimer follement jusqu’à satiété. C’est sans compter sur la sclérose en plaques qui se déclare et envahit progressivement le corps de Maddy. Le couple modifie alors ses plans : ce sera un pavillon dans une petite ville, un travail de charpentier pour Dalton, mais aussi deux enfants, une chambre de pirate et une veine en laquelle ils gardent une foi inébranlable.
Leur vie de famille est mise à rude épreuve par la maladie, mais jamais le couple ne s’y laisse emprisonner, s’adaptant au fil des années, faisant avec, autrement, avec les seuls remèdes dont ils disposent : l’amour et l’humour. Leur force, c’est leur « désir le plus ardent », un désir de vivre et de s’aimer qui en font des superhéros du quotidien, des survivants d’une aventure à l’issue fatale, mais qui vaut le coup d’être vécue parce que c’est leur vie et qu’ils se sont choisis. Il y a de la colère, l’impuissance et les cris d’injustice, mais jamais de regret. On en ressort bouleversé mais pas abattu, la plume vive et sans détour de Pete Fromm s’élevant au-dessus de la gravité pour s’en détacher, au profit de la jouissance de l’instant.
Les internautes l'ont lu
o n l a r e l u
« À nous, dit-il. Contre vents et marées. »
« J’ai fait tout ce que je pouvais. Épousseté les étagères les plus hautes avant d’être saisie de vertige, Atty me sidérant une fois de plus, proposant de finir à ma place tant mon anxiété était apparente. Il n’a pas arrêté de grimper sur son tabouret, nettoyant le dessus de la cheminée, les lampes. Il a détruit une énorme toile d’araignée dans un coin, même si, de son propre aveu, c’était un peu sa préférée.
– Elle ondule quand on ouvre la porte. Comme les vagues.
Je n’ai jamais été une ménagère modèle, et lever les yeux étant le meilleur moyen de déclencher le tournis, j’évite de le faire autant que possible. N’empêche : une toile d’araignée préférée ? Je ne m’étais pas rendu compte que les choses s’étaient dégradées à ce point. »
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Maddy rencontre Dalt et c’est parti pour la vie. Ils ont vingt ans, ils sont fougueux, sportifs, fous des rivières et des descentes en rafting, leur mariage est une cérémonie originale, à l’aube glacée, après laquelle ils partent en lune de miel sur l’eau, ils refusent d’échanger des voeux banals, pas de formules toutes faites pour eux mais à la place un « désir le plus ardent » qu’ils jugeront rétrospectivement pour ce qu’il est : très con. Dalt et Mad, Madeleine et Dalton nous embarquent pour 284 pages consacrées à leur amour. Eux, les plus veinards du monde, eux et rien qu’eux et le blanc de leurs yeux. La première fois que j’ai ouvert ce roman, à sa parution, j’ai jeté l’éponge après la cérémonie du mariage. J’avais adoré « Lucy in the Sky » et je ne retrouvais pas son auteur dans l’histoire de ces deux-là , ils m’énervaient, je n’avais pas envie de les entendre me claironner leur amûûûr-toujûûûrs sur des pages et des pages. Quelques mois plus tard j’avais évidemment tout oublié de cette première tentative et le nom de l’auteur agissant une nouvelle fois comme une puissante attraction, je me lance dans la parution en poche. Et ça m’agace, évidemment. Non seulement de retrouver les deux plein d’eux-mêmes, mais aussi (et surtout, peut-être) d’en être encore là , après tant d’années et de tentatives de noter mes lectures, et le blog et les SP et tout ça, il m’arrive encore de racheter des livres que j’ai déjà lus ( et pire, que j’ai reçus en SP) (DEUX fois) ? Alors cette fois je vais au bout, décidant d’y voir un appel plutôt que ma propre bêtise. Oui Madame, voilà l’explication, ce roman veut que tu le lises, il s’arrange pour se replacer entre tes mains (autant me parler à moi-même, pendant que j’y suis, non ?). Et tout au long de leurs (més)aventures, Maddy et Dalt m’énervent. Non pas parce qu’ils s’aiment, mais parce qu’ils le font envers et contre la pute de vie qui ne leur épargne rien de chez rien (référence à la rubrique de Pascale, « La vie est une pute » qui raconte elle aussi l’histoire d’un amour hors-norme que rien n’abat jamais). Ils m’énervent parce que souvent je ne les comprends pas, parce qu’ils sont faillibles, excessifs, admirables, épouvantables, insupportables et très, très marquants. Effrayants, aussi. Ça fait peur, parce qu’on se transpose forcément, parce qu’au jeu des « et si… » personne d’autre que l’angoisse ne gagne jamais, et parce que Pete Fromm, dont la plume est décidément insolente de talent, ne leur épargne rien. Mais vraiment, ç’aurait été dommage de ne pas lire ce roman. (Si vous décidez de le faire, ne lisez aucun avis qui révèle ce que même la 4° de couverture tait, ce serait dommage de ne pas le découvrir en même temps que les protagonistes, je trouve.)
coup de coeur
Le héroïsme au quotidien
Le livre s’ouvre sur une scène bucolique de pêche à la mouche sur les rives de la Buffalo Fork et le souvenir d’une nuit d’amour torride entre Maddy et Dalton, dit Dalt.
Une très belle histoire d’amour avec un mariage des plus original où ils ne se disent pas oui, mais «C’est mon désir le plus ardent ». Les voici partis pour l’Oregon monter leur propre boîte de rafting. La vie est belle, ils sont heureux, amoureux, chabadada… Le bébé, ils aimeraient bien qu’il arrive vite alors, comme dit Dalt «le plus marrant c’est quand même d’essayer », ils essaient et un beau jour, le test affiche un + indiquant la mise en route de ce garçon qu’ils attendent. Il y a une autre annonce, moins glamour, Maddy est atteinte de sclérose en plaques.
Ce livre est comme le journal de bord de Maddy où elle parle de la progression de la maladie, de leur couple, de leur vie totalement chamboulée par la sclérose en plaque, de ses deux enfants. Comme dans un journal, chaque chapitre est une tranche de vie. Maddy est une drôle de bonne femme dont l’état de santé se dégrade, inexorablement, sous mes yeux. Les symptômes de la maladie sont décrits sans faux semblants ni pathos. Difficile pour elle de subir ses crises sous le regard de son mari et de ses enfants qui sont responsabilisées très, trop, tôt.
La grande différence entre eux deux, c’est que Maddy refuse un futur dégradé, refuse l’aménagement de la maison alors que Dalt vit dans le futur et prévoit tout pour que Maddy puisse être autonome le plus longtemps possible. Elle vit le réel de sa maladie et sa détresse, Dalt vit dans un optimisme qui pourrait ressembler à un déni de la fin de la femme de sa vie, même si, lorsqu’il est tout seul, il ne se cache pas derrière cet optimisme. Ce déni ou cet optimisme béat lui permet de tout assumer, de soutenir les défaillances de Maddy car il n’est pas facile tous les jours d’être infirmier, père, mari, charpentier.
L’humour caustique quelque fois les sauve d’une trop grande émotion, ainsi l’amie de Maddy qui ne l’a pas vue depuis trop longtemps: « Je parie qu’on est la reine de la branlette avec une main pareille ». Cet humour permet de se sauver d’une grosse émotion.
J’ai beaucoup pleuré à la lecture, d’une seule traite, contée avec beaucoup d’humour, de lucidité, toujours les mots justes. Les apartés peuvent être savoureux. Un très beau portrait de famille où l’amour et le respect sont toujours présents Un livre touchant qui a une résonnance très particulière pour moi en ce moment. Il m’arrive aussi d’avoir des sorties caustiques. « Mon régime ? Un petit cancer, tu sais c’est très efficace » à qui me trouve fort amincie. Il faut dépasser pour pouvoir supporter le reste. J’ai aimé que l’amour de Dalt et Maddy ne se détériore pas, malgré les engueulades, ce qui arrive souvent malheureusement, dans de telles situations. Dalt est un vrai héros du quotidien tout comme leurs enfants.
J’en profite pour dire à mon mari tout mon amour pour la constance qu’il a, son soutien très amoureux. Punaise que c’est important dans ces moments difficiles. Mais chut ! je vous le dis à vous, mais, surtout, n’ébruitez pas mes paroles, il se prendrait pour un mari parfait !!
Un très beau et touchant portrait de familles, une belle leçon d’amour et de vie. J’ai pleuré, beaucoup pleuré en le lisant mais quel bonheur cette lecture. Un vrai tour de force de Pete Fromm que je découvre. Quelle belle écriture, intense, sensible, sans voyeurisme, avec beaucoup de tendresse pour les personnages.
Un très bon livre. Je pense que je retournerai vers cet auteur
http://zazymut.over-blog.com/
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