C’est l’été à Ostende, petite ville balnéaire sur la côte belge. La population, à l’image de la station est élégante. Nous sommes en 1936. Le soleil est très haut dans un ciel bleu azur, la mer est calme, les estivants se prélassent sur la plage pendant que leurs enfants s’amusent à construire des châteaux de sable, l’atmosphère est légère, les vêtements clairs flottent au vent, les terrasses des cafés sont pleines, on entend monter des éclats de rire et pourtant…
Non loin d’ici grossit la menace, insidieuse. Elle plane depuis quelques temps déjà mais n’a jamais été aussi proche. Un grondement qui, tous le savent, va bientôt traverser la frontière. Deux mots circulent, prononcés du bout des lèvres ; antisémitisme, nazisme.
Au café Flore, des hommes et des femmes sont assis. Des intellectuels : des écrivains, des reporters. Ils se sont retrouvés ici avant l’exil. La publication de leurs livres a cessé en Allemagne. Ils sont devenus indésirables. Parmi eux, Stephan Zweig, célèbre et riche écrivain né à Vienne (La confusion des sentiments, Vingt-quatre heures dans la vie d’une femme), son ami Joseph Roth, écrivain et journaliste, pauvre et alcoolique (La marche de Radetzky), Egon Erwin Kisch, écrivain et reporter né à Prague, Irmgard keun, écrivaine allemande, qui trouvera en Roth un alter ego ( Gilgi, Ferdinand et Isabelle), Arthur Koestler, romancier hongrois (Le zéro et l’infini)…
En fuite, ils redoutent la déferlante nazie, la monstrueuse vague qui va engloutir l’Europe entière. Les discussions sont pleines de leurs angoisses sur le terrible avenir qui se profile mais malgré cela, des sourires sont esquissées, les regards se posent sur la mer si tranquille et sur les vacanciers à l’air jovial.
Ce livre est le récit d’un été pas comme les autres, une parenthèse avant les abominations de la Seconde guerre mondiale. L’auteur, en s’appuyant sur des archives et des correspondances, met en scène ces intellectuels, leurs pensées et leurs attitudes. Un tableau en clair-obsur. Un décor lumineux dans un cadre sombre. Sous le glacis, le spectre de l’horreur.
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