Je ne reviens pas sur le principe de la collection, c’est bon, tout le monde l’a ? Piqûre de rappel : des écrivains sont invités à raconter une première fois. Après la première femme académicienne, le premier festival de Cannes et le premier bikini, voici les premiers Jeux Olympiques, livre de circonstance en cette année des JO de Rio. Vous ne voyez pas où ça cloche ? Eh oui, Philippe Jaenada, en indécrottable trublion, n’a pas choisi une première mais une résurrection… un renouveau… Rendant à César ce qui lui a été chipé, il déconstruit de façon alerte le mythe d’un Pierre de Coubertin qui aurait, tel le phénix, fait renaître un truc pas si tombé aux oubliettes que cela mais qui n’a jamais vraiment pris de ses cendres. Après avoir subtilisé au fameux baron la paternité du renouveau de ces jeux pour la rendre à celui qui a réellement eu l’idée de ces jeux modernes, un anglais, pensez donc !, le baron n’ayant été que le vecteur par lequel cette renaissance a pu avoir lieu et a pu durer dans le temps, Philippe Jaenada le dépossède de son emblématique phrase, tant sur le fond que sur la forme : non seulement son célèbre « l’important n’est pas de gagner mais de participer » n’est pas de lui mais d’un prêtre lors d’un sermon mais en plus on l’a vidé de son sens premier qui signifiait que l’essentiel est dans l’excellence et l’exploit pas uniquement dans la participation. Une fois ceci fait, Philippe Jaenada se concentre sur la légende du marathon, ressuscitée à l’occasion de ces JO des temps modernes (1896 pour les retardataires). Et le bougre, il s’intéresse plus à l’homme qu’à l’événement. Et il a ma fois mille fois raison. Tout d’abord parce que cette course est LE moment de ces jeux pour tout le peuple grec qui n’imagine pas qu’un autre de ses ressortissants puisse triompher. Avec 85 % des engagés, la victoire ne peut leur échapper. Pourtant, tout relève de l’amateurisme dans l’organisation de cette course par les grecs et seule la clairvoyance d’un haut gradé, en charge de tirer le coup de pistolet lançant la course, permet d’y qualifier le futur vainqueur sans lequel la Grèce serait rentrée à la maison la queue entre les jambes. Pour en arriver à la description de la course, Philippe Jaenada en passe par celles de quelques unes des autres épreuves ainsi que de quelques participants, tout en égratignant sévèrement, dans son style habituel et pince sans rire, les délégations étrangères et leurs attitudes bravaches à l’excès. C’est drôle, c’est pétillant mais ça va, comme toujours chez Philippe Jaenada, au-delà de la simple fanfaronnade. L’auteur prend ainsi un malin plaisir à rapprocher des faits et des actes de cette fin de XIX° siècle avec notions et concepts datant d’un siècle plus tard : une fois de plus, la modernité et la paternité des faits trouve toujours son origine dans des événements plus anciens… l’histoire est une boucle sans fin. Bien entendu, on y retrouve toujours les dessins accompagnant le texte (ici, Christian De Metter dont on ne pourra que conseiller la lecture des BD « Emma » ou « Dusk ») et la notice historique en fin d’ouvrage.