Joyce Carol Oates figure en très bonne place dans mon panthéon personnel de mes auteures préférées. Toutefois, je n’avais rien lu d’elle depuis « Mudwoman ». Quel bonheur de la retrouver avec ce roman magistral. C’est un bonheur, certes, mais pas une lecture facile…un peu comme chacun de ses romans rétorqueront ceux qui la connaissent.
Etat de l’Ohio (celui qui sert toujours de test pour les élections présidentielles américaines) en 1999. Luther Dunphy, marié père de 4 enfants, après un parcours un peu chaotique, rejoint les rangs de la Pro-Life Action League et participe activement aux manifestations anti-avortements devant les Centres de Femmes où ces interventions sont pratiquées .
Augustus Voorhees, marié et père de famille lui aussi, est un gynécologue réputé qui s’est engagé dans la défense du droit des femmes, particulièrement celui à l’avortement. Il dirige la clinique de la petite ville où vit Luther Dunphy.
Ce dernier, emporté par la folie des groupes fondamentalistes religieux qu’il fréquente, ce réveille un jour « investi d’une mission divine » : il doit débarrasser le monde de ce suppôt de Satan qu’est Augustus Voorhees.
Le médecin sera abattu comme un chien devant la clinique où il exerce ainsi que l’homme chargé de sa sécurité par Luther Dunphy.
Ces coups de feu changeront irrémédiablement le cours des vies des membres des familles concernées. Comme les ricochets créés par le mouvement d’une pierre jetée dans l’eau, ces répercussions s’étaleront tout au long de leurs vies.
N’attendez pas de Joyce Carol Oates une prise de positions. Bien au contraire, elle dresse de façon détaillée, complète et sans compromission un portrait de chaque camp, un compte-rendu de la société américaine dans toutes ses contradictions.
Elle laisse au lecteur le soin de se questionner, un peu comme dans une recherche philosophique.
La lecture de ce pavé de 860 pages a été extrêmement intéressante, Il me faut maintenant un petit moment de latence pour entamer un autre roman au risque que celui-ci ne me paraisse fade.