Une saison à Hydra
Elizabeth Jane Howard

Table ronde
Quai Voltaire
mars 2019
440 p.  24 €
ebook avec DRM 16,99 €
 
 
 
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Bon, alors me voilà bien embêtée. Cela fait quelques jours que je repousse la rédaction de ma chronique, persuadée que mes impressions sur ce roman allaient bien finir par s’atténuer au cours de ma relecture de certains chapitres… Mais le temps passe et mon ressenti ne change pas d’un poil. Alors, je me résous à dire en toute honnêteté que ce roman qui avait TOUT, mais ABSOLUMENT TOUT, pour me plaire m’a ennuyée au point que j’ai eu du mal à le finir ! Et pourtant, cela avait bien commencé…
Tenez : prenez par exemple une comédie d’Ernst Lubitsch, de Howard Hawks ou de Frank Capra, ajoutez-y une poignée de répliques bien mélancoliques à la Tchekhov, quelques lettres de Judy Abbott dans Daddy-Long-Legs de Jean Webster et, me semble-t-il, nous y sommes. Et non seulement nous y sommes mais, présenté comme cela, je me RUE littéralement sur l’ouvrage…
Un auteur dramatique londonien d’une soixantaine d’années, Emmanuel Joyce, en panne d’inspiration, est à la recherche d’une actrice pour un personnage féminin dans une pièce qu’il s’apprête à mettre en scène à Broadway. Son secrétaire et homme à tout faire, Jimmy Sullivan, le seconde dans cette entreprise. Quant à Lillian, la femme d’Emmanuel, de vingt ans sa cadette, elle suit comme elle peut les caprices d’un mari un brin volage et se plie à ses continuels déménagements. Profondément dépressive, Lillian est une femme à la santé fragile, à jamais marquée par la disparition de sa fille Sarah morte à l’âge de deux ans.
Ces trois personnes vivent ensemble, tant bien que mal, allais-je dire. Or, un quatrième élément va venir se greffer à ce petit groupe en la personne d’une jeune et jolie secrétaire que les Joyce veulent emmener avec eux à New York. Simple, naïve, spontanée, pleine de bon sens et très débrouillarde, la jolie Sarah-Alberta va devoir affronter les humeurs et les caprices du trio, trois individus qui s’aiment mais se supportent de moins en moins, fatigués et ennuyés qu’ils sont de la vie et d’eux- mêmes. On peut penser que son regard neuf et franc sur les êtres et les choses va ébranler les certitudes des uns et des autres et qu’elle va servir de révélateur, de déclencheur permettant peut-être une redistribution des rôles des membres du quatuor, pour un temps au moins.
Le point de vue alterné de chacun de ces personnages permet au lecteur d’accéder à leurs états d’âme. Par ailleurs, l’évocation de leur passé dont il est question régulièrement éclaire leur comportement présent et leurs choix quant à l’avenir.
La question est donc : pourquoi ce sentiment d’ennui ne m’a-t-il pas quittée ? Pourquoi ne me suis-je pas DU TOUT attachée aux personnages ? Pourquoi leur mal-être, leurs souffrances, leurs angoisses ne m’ont-ils ni touchée ni émue ? Franchement, je ne sais pas. C’est comme s’ils m’avaient semblé « faussement consistants », comme des êtres stéréotypés et sans réelle profondeur, dont l’agitation perpétuelle, les sautes d’humeur et les discussions vaguement mondaines auraient fini par me lasser. Alors qu’Emmanuel est un auteur dramatique, il est finalement rarement question du travail de l’écriture, de la mise en scène ou de ce qui fait l’intérêt d’un comédien. En fait, et contrairement à ce qu’on aurait pu attendre, les personnages évoluent peu, demeurent assez figés parce qu’au fond, ils n’échappent pas à la caricature, notamment le personnage de la jeune secrétaire.
Du coup, l’ennui l’a très vite emporté tellement j’ai eu le sentiment de faire du surplace (malgré les voyages qu’ils entreprennent), et c’est dommage, car je pense qu’il y avait là une vraie matière romanesque à exploiter. Au lieu de cela, j’ai eu le sentiment de m’enliser sans qu’aucun élément dynamique ne me sorte de ma lassitude.
Même les descriptions m’ont semblé assez kitsch…
Ce n’est que mon point de vue, je reste bien persuadée que ce roman va séduire bien des lecteurs dont je regrette sincèrement de ne pas faire partie….

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