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coup de coeur
Semer de ces graines dont on a toujours l’espoir qu’elles germent
Faire du cheval (ou du double poney). S’entendre raconter au bord du sommeil des histoires fantastiques avec des princes plus ou moins charmants. Oublier, un temps, le quotidien dont la cité est le triste décor. Pour ces deux filles et ces trois garçons en pleine adolescence, ce séjour est une bouffée d’oxygène. Pour Fred et le narrateur, qui les encadrent, c’est un moyen différent de les accompagner, dans cette noble ambition qui est la leur de les empêcher d’échouer, et de semer de ces graines dont on a toujours l’espoir qu’elles germent sans savoir ni quand, ni comment, ni si. Quel enfant une cascade n’a-t-elle jamais fait rêver ? Pour montrer à la petite Fatou de l’exceptionnel plus exceptionnel encore, le narrateur va l’entraîner dans une fugue qui va réveiller des souvenirs. Patrick Goujon fait le choix de la tendresse plutôt que du jugement, celui de la bienveillance en toute lucidité plutôt que de l’apitoiement. Il livre des tranches de vie plus vraies que nature qui échappent aux clichés, des échanges pleins d’enthousiasme, dans une langue riche d’images et de musicalité qui donne à la banlieue d’autres couleurs. Patrick Goujon dit aussi l’admiration dans le regard de l’autre qui donne une telle force – l’admiration du quotidien, l’admiration des petits pas, petits riens faits avec conviction, riens pleins de sens, pas décrocher le Nobel de littérature. Et puis il dit l’admiration qui un jour s’est évaporée, et avec elle les tremblements internes, tout ce qui fait qu’on vibre de la peau de l’autre, partis on ne sait où (mais loin) sans crier gare (et partis à jamais). Cruel mais tellement juste – et inévitable ? A l’arrache est un roman citoyen à fleur de peau, pétri de colère et d’amour ; pour écrire, quoi d’autre ? Retrouvez Sophie Adriansen sur son blog |
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