Cher Barthélémy,
Vous écrivez à un psy dont nous ne connaitrons jamais les réponses, ni le nom et j’avais envie, à mon tour, de vous écrire.
Je ne vous prénomme ni Barth ni bibi (j’allais poser une majuscule sur le b !), mais Barthélémy car je trouve que c’est un joli prénom. Je vais vous faire une confidence. Je me prénomme Colette et la première fois que j’ai pu comprendre que le 6 mars était le jour de ma fête… Sur le calendrier, il était écrit jour des cendres ! Imaginez, j’étais victime d’une cabale pour le moins ! OK, après, j’ai découvert l’immense écrivain Colette.
J’aime la façon dont vous parlez de votre pseudo ( ?) dépression. Vous mettez une certaine distance entre elle et vous, de l’autodérision. Le ton et le détachement de vos lettres m’ont séduite.
Vous êtes en manque d’amour, vous vous sentez désolé d’être là , de prendre votre place. Garçon peu aimé et ignoré de vos parents puis amant d’une femme accro aux séries qui vous relègue dans la chambre du bébé des anciens occupants, -notez l’ironie de la situation elle vous surnomme bibi et veut que vous l’appeliez bb- vous vous retrouvez colocataire, chargé du ravitaillement, à vos frais bien sûr.
Votre passage chez le psy, le docteur Blavar, enfin le premier des frères que vous allez consulter est assez originale. Une thérapie inhabituelle et que vous semblez préférer à celle de l’autre frère, plus conventionnelle.
Cher Barthélémy, vous ne pouvez le savoir puisque nous ne nous connaissons pas, mais je déteste tous ces trentenaires, quadras, souvent mâles qui se triturent le nombril et se font des nœuds au cerveau et vous, vous avez réussi à m’émouvoir et me faire sourire. Le sujet, l’humour second degré, la dérision me rappelle un livre que j’ai lu peu de temps avant « Sauver les meubles » de Céline Zufferey. Vous avez bien sauvé votre mobilier ; vos lettres ont permis de faire un tri sélectif dans votre vie et vos souvenirs, de tenter une voie plus optimiste, de retrouver goût à la vie. Vous avez suivi les conseils de Phil Blavar : « dépliez-vous, relevez la tête, souriez. Faites-vous plaisir au moins trois fois par jour. Evitez les personnes qui vous traitent mal, voyez des gens qui vous font du bien. »
Vous avez pris votre destinée en mains et commencé par quitter Béatrice, bb, Béa et vous êtes allé au bout de votre décision. « Je me sens sûr de moi, pour une fois : je ne veux plus jamais vivre en collocation avec quelqu’un qui croit s’appeler bb et qui m’appelle bibi. »
J’aime votre phrase « Donc je vais m’intéresser à moi, comme si j’étais quelqu’un d’autre, ce sera plus motivant. Comme si j’étais un ami, pas n’importe quel ami, attention. Un type qui vaut la peine qu’on se soucie de lui. » . Je vous prends au pied de la lettre, oui, intéressez-vous à vous
Barthélémy, j’ai pris plaisir à lire votre correspondance et vous savez quoi… Vous devriez les rassembler dans un livre et le publier. Oui, je crois que cela ferait un bon roman épistolaire.
Soyez heureux et faites un feu de joie de tout votre passé
Colette
Isabelle Minière sait de quoi elle parle puisqu’elle est psychologue et le tourne d’une très jolie façon dans ce livre. Elle trempe ses mots dans une encre vive, joue avec la dérision et l’humour pour mon plus grand plaisir de lectrice.
Un très bon livre des Editions Serge Safran, une maison d’édition qui propose de belles lectures, de jolies découvertes.
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