Après le film, le livre.
Habituellement, on lit un livre, et puis on va visionner son adaptation au cinéma. Ici, c’est l’inverse : aujourd’hui, mercredi 4 novembre, la sortie nationale du film d’animation « Avril et le monde truqué », est l’occasion pour les éditions Casterman de publier deux ouvrages en parallèle : un album et un court roman. Une excellente idée qui fait durer le plaisir du film inspiré par les dessins de Jacques Tardi et couronné par le Cristal du long métrage au dernier Festival international du film d’animation d’Annecy.
La complexité du récit le rend d’ailleurs très original : Avril est une petite fille, qui vit en 1941, dans un Paris inconnu de tous. En effet, la ville est entièrement recouverte de suie : la découverte de l’électricité n’a pas eu lieu, le monde étant resté bloqué à l’âge de la vapeur. Pour comprendre cette énigme, le narrateur nous fait revenir en 1870, à l’époque où Napoléon règne sur la France. Afin de vaincre la Prusse, il a confié à Gustave Franklin, un éminent scientifique, la mission de fabriquer un sérum capable de rendre ses soldats entièrement invulnérables. Mais une erreur de sa part va bouleverser le monde… et le « truquer ». Ainsi, l’univers dans lequel évolue Avril est complètement différent de ce que l’on apprend dans les livres d’histoire, et c’est bien cela qui suscite l’intérêt du lecteur. Deux tours Eiffel jumelles se déploient dans une capitale étrange et mystérieuse, reliées par un téléphérique, et les voitures sont remplacées par des engins propulsés par une chaudière : dans ce monde étrange et presque inquiétant, la jeune Avril part, avec son chat Darwin, à la recherche de ses parents scientifiques disparus.
Plus que résumer l’œuvre cinématographique, les deux adaptations écrites et illustrées subliment le long métrage et ralentissent le rythme. Au fil des pages, l’univers de Tardi et de Jules Verne se déploient, jusqu’à se confondre, et c’est bien en lisant et en regardant les images que le lecteur garde en mémoire le détail des péripéties. La lecture permet aussi de faire durer la réflexion, véritable prise de conscience des enjeux environnementaux, et des conséquences des avancées scientifiques. Le pacte est rompu, puisque l’auteur s’adresse directement au lecteur, l’invitant à poursuivre sa lecture. Ainsi, l’album et le roman forment non seulement un souvenir du film, mais aussi un moment de détente : cette réécriture d’une époque est le prétexte à un palpitant roman d’aventure et à une singulière histoire d’amour.