Contées avec une verve qui ne s’essouffle jamais, voici les tribulations – Ô combien immorales ! – de Jacky Bingolacci, sorti de l’école à seize ans sans même un CAP en poche, et devenu, après une succession de lamentables options existentielles, une vedette du cinéma asiatique… Mais avant d’en arriver là, le Jacky s’était heurté à maintes vicissitudes. La nature l’ayant doté d’un physique avantageux, notre homme avait tâté, avec un réel sens de l’échec, du cinéma puis de la chanson, un jour un peu mannequin, le lendemain acteur de panouilles publicitaires ou « poussant des gémissements dans des pornos bélarusse »… Une débine continuelle qui avait logiquement conduit ce bras cassé en prison. Il laissait derrière lui une femme, Nicole, lassée des inconstances de son mari, et un fils, Florian, 17 ans, en mal de père.
Les bons gars et les malfrats
En prison, Jacky se lie avec son codétenu, l’inénarrable Salvatore Di Pietro, surnommé Le Pileux en raison de son abondante toison pectorale. Celui-ci va charger Jacky, à sa libération, d’une mission bien délicate : récupérer pour lui le trésor de guerre des Noyaux Révolutionnaires Prolétariens (NPR), sur les lingots duquel Salvatore a fait jadis main basse, de façon tout à fait illégale. A partir de là, les évènements s’accélèrent, le Mal et le Bien vont entrer en lutte, opposant les bons gars aux affreux malfrats.
Florian, le fils Bingo, prend alors toute sa place dans l’histoire. Les couples vont se faire et se défaire. Amour et coups de feu dans la nuit, le tout sur une partition toute en ironie et autodérision.
Péripéties rocambolesques
On se souvient du premier livre de Jean-François Pigeat, « A l’enseigne du cœur épris », où il se consacrait, avec un bonheur certain et une plume tout en nuances, à l’analyse des sentiments et des pulsions qui gouvernent, dans un couple, les intermittences du cœur. Avec ce deuxième roman, l’auteur s’abandonne au contraire, dans un déchainement d’actions, parfois violentes, et un luxe épatant d’apartés drolatiques, au pur plaisir de raconter cette truculente aventure de bandes dessinées, où se bouscule une farandole ébouriffée de jeunes délinquants serbes, de rottweiler en rut, de truands sanguinaires et d’aimables amoureux pubertaires. On peut légitimement se demander comment diable Jacky, au terme de ces péripéties rocambolesques, se retrouvera star du cinéma asiatique, sous le pseudonyme mirobolant de Chris Careydas. Faites confiance à Pigeat : son récit, goguenard, picaresque et inventif, tient le coup jusqu’à la dernière page.