Blanès
Hedwige Jeanmart

Gallimard
blanche
août 2014
272 p.  18,50 €
ebook avec DRM 12,99 €
 
 
 
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Un premier roman

Un premier roman pour ma compatriote Hedwige Jeanmart, originaire de Namur. C’est deux jours après la publication de son livre que je l’ai découverte lors de l’Intime festival de Namur.

La lecture des dix premières pages de son roman m’avait donné envie de découvrir la suite. J’en suis heureuse.

Blanès, une petite station balnéaire située à une centaine de kilomètres de Barcelone. Sa particularité : elle fut celle de l’écrivain chilien Roberto Bolaño, dont l’âme plane toujours aujourd’hui. Depuis sa mort, elle attire des pèlerins de tous les horizons, les « Bolañistes ». Ils sont à la recherche des traces du « maître ».

Samuel est écrivain et grand admirateur de Bolaño. Eva, -sa femme, notre héroïne -, lui suggère de se rendre à Blanès. Le dimanche 10 mars, ils visitent la ville. A table Samuel lui lit « Le discours de Blanès » écrit par Bolaño. Au retour à Barcelone, Samuel a disparu avec son livre, il est « mort ».

Eva est seule, désespérée de son amour perdu, elle veut comprendre ce qui s’est passé.

Et si nous n’avions pas été à Blanès, se questionne-t-elle , tout n’aurait-il pas été différent ?

Elle fait part de la « mort » de Samuel à Luis, son ami, à Anita l’éditrice de Samuel, à Bernard son beau-père mais elle n’en a pas d’écho. C’est seule qu’elle devra faire son deuil car personne ne la prend au sérieux, personne ne la soutient.

Ce travail elle va l’accomplir à Blanès. Elle part à la recherche de chaque élément de la journée, du discours de Bolaño. Elle est persuadée que ce livre de Bolaño est au centre de tout, qu’il a fait dévier le cours de sa vie.

Elle est déterminée, elle rencontrera au cours de sa quête des personnages haut en couleur. Hantée par la mémoire de Bolaño, Hedwige Jeanmart a ici une approche des faits, des lieux particulière.

Un roman qui nous interroge sur le pouvoir des livres et de la littérature. Les livres peuvent-ils dévier le cours d’une vie ?

Une véritable secte littéraire est décrite par le biais des aficionados de Bolaño. Ces gens qui veulent créer un lien avec l’auteur et qui au final, parlent de tout et de rien, peu de sa littérature mais élèvent leur idole en star.

Ce roman joue beaucoup sur la fiction et la réalité. Eva est souvent au bord du vide dans sa quête de vérité et de sérénité. C’est un personnage attachant, vrai, rempli d’humour et de fantaisie, ouvert aux autres.

Ce roman est émouvant. L’écriture sort des sentiers battus , elle est épurée et m’a réellement séduite. Un beau premier roman qui est dans la première sélection du prix Médicis.

Ma note 7.5/10

Les jolies phrases

…et j’ai fondu en larmes encore une fois. Je n’aimais pas particulièrement ça, pleurer, mais je n’y pouvais rien. Personne n’aime les filles qui pleurent, les hommes qui pleurent non plus d’ailleurs, ni les oiseaux qui tombent par terre ou les poissons qui remontent à la surface de l’au bouche ouverte.

Disons qu’il était comme mort et j’étais comme veuve et je voulais comprendre pourquoi c’était arrivé. Ne pas retrouver le corps est la pire des choses, ne pas comprendre ce qui s’est passé est insupportable, on ne vit plus.

Rien de ce qui est mangé dans un livre n’est innocent, me dit-il. Je voulais bien le croire, je ressentais toujours de l’angoisse, une sorte de vide existentiel dans un livre où personne ne mangeait jamais rien, de même qu’avec les films sans table et sans dîner.

Et si Eva n’avait pas dit que Blanès n’était pas loin, et allons-y à Blanès. Que ce serait-il passé ?

Je m’installais à Blanès où tout m’était désagréable et je m’y complaisais. C’était comme si j’acceptais de souffrir d’une maladie et que cette maladie devenait tout pour moi, que je ne pouvais plus m’en passer. Mon état empirait de jour en jour et rien dans doute ne viendrait freiner ma détérioration.

Retrouvez Nathalie sur son blog http://nathavh49.blogspot.be/2014/09/blanes-hedwige-jeanmart-7510.html

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