On l’apprend dès les premières pages, Anna, 40 ans, va être étranglée. En plein no man’s land, pour rien, simplement parce qu’elle courait ce matin- là, au mauvais endroit, au mauvais moment. Mais qui était cette Anna ? Une petite fille mal aimée par une mère froide et un père trop faible. Des parents restaurateurs qui trompent leur ennui en travaillant sans cesse. Et puis, un drame va perturber leur existence tranquille : le frère d’Anna, Noé, se noie alors qu’elle est chargée de le surveiller. Cette fois, sa mère ne lui pardonnera pas. Anna devra partir, quitter la maison familiale et sera élevée par sa tante : une femme moderne, affectueuse, merveilleux personnage qui fera de son mieux pour l’aider à grandir. Adulte, Anna se bat pour réussir sa vie, pour être heureuse, enfin. Elle s’occupe de son petit frère Edgar, le dernier né, dont la lourde tâche est de remplacer Noé aux yeux de sa mère. Lui souffre d’être trop aimé et admire cette sœur libre, indépendante, décidée à agir et à ne plus subir.
Voici donc l’histoire d’Anna ou plutôt l’histoire d’une vie gâchée. D’une vie qui aurait pu être belle, éclatante, qui était à deux doigts de le devenir et qui s’arrêtera net. « C’est une occupation sans fin que d’être vivant » est un roman cruel, dur, cynique. Mais la talentueuse Sylvie Aymard réussit une prouesse : nous bouleverser avec une prose sans fioriture, brute. Qui nous touche en plein cœur.