Avocate. Spécialisée en droit du travail. Un grand fils (qui l’inquiète), une fille idéale ado (qui n’existe pas), un amoureux avec qui elle décrypte les bars, restaurants et boites parisiennes. Voici la vie de cette narratrice, appelons-la « maître », qui use du pluriel pour se raconter (le fameux nous de majesté). Ce faisant, avec une langue précise et très vite enthousiasmante, elle nous livre des petites pépites d’humanité et c’est peu dire qu’on en redemande, stupéfaits de se sentir tellement victorieux à l’obtention d’un renvoi de procès de deux mois seulement (l’angoisse du « trop beau » dossier), ou très émus de la belle leçon offerte par un peintre en bâtiment analphabète. Le quatrième roman de Cécile Reyboz, que je lis pour la première fois, fait partie de la très rare catégorie de ceux qui vous happent progressivement d’une main très sûre et implacable, ceux qui font dire « encore une page » avant « juste un chapitre de plus », sans que l’on puisse jamais les reposer. D’une justesse parfaite.