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Un petit bijou voyage à Alexandrie à l’époque des Ptolémées
Un immense merci à mon partenaire « Luce Wilquin » qui publie son 500ème livre, une maison d’édition de chez nous que j’apprécie particulièrement et dont les auteurs ont tous en commun une grande humanité, un accueil très chaleureux du lecteur, l’esprit insufflé par leur éditrice Luce Wilquin. Merci pour cette magnifique découverte. Partons à la découverte d’un premier roman de presque 900 pages qui nous emmène à Alexandrie, capitale hellénistique de l’Egypte, dirigée par les Ptolémées qui se sont investis dignes successeurs d’Alexandre le Grand. Un livre en trois parties dont la longueur ne doit pas vous inquiéter tant le récit est passionnant. Marie Célentin nous facilite la lecture grâce à une belle documentation, carte, tableau sur l’identité des protagonistes. Trois parties dans le récit qui s’étale sur un peu plus de trente années au début du règne de Ptolémée second. Tout commence au printemps 274 avant notre ère, en route vers l’Antiquité… Un voyage au coeur de l’Egypte hellénistique : nous allons vivre le quotidien d’une galerie de personnages historiques ou fictifs et retracer la vie quotidienne de la Cour, des artisans, des esclaves, des nobles, de mercenaires romains… Le roi Ptolémée 2 est un érudit, un passionné de sciences, d’architecture, de poésie, de littérature et de philosophie, c’est un esthète, un épicurien , tout sauf un chef de guerre. Il a été marié deux fois à deux Arsinoé tellement différentes. De son premier mariage naquit Bérénice – enfermée dans son monde, dans sa bulle – Son destin sera pourtant lié à l’Etat, elle sera comme « Iphigénie à Aulis » sacrifiée pour le pouvoir. Une très belle analyse littéraire nous sera proposée pour ce texte d’Euripide, ainsi qu’un beau débat sur la notion de liberté. C’est en compagnie d’autres personnages attachants que nous traverserons cette trentaine d’années, l’occasion de vivre au temps des Ptolémées. Nous approcherons les différentes populations de l’époque en passant par les poètes et philosophes, Platon, Homère, Aristote ne seront jamais très loin de Callimaque et Appolonios de Naucratis. Nous croiserons les artisans comme Pytias et Archiloque, Demetrios l’armurier, mais aussi Titus le mercenaire romain, la belle Diounout (suivante de Bérénice) , Callicrates – l’amiral conseiller du Roi -, Zénon – intendant d’un domaine -, Nathanyah et Anytos – des esclaves-, Antiochos – son ennemi le roi Séleucides -, la reine Laodice, j’en passe… Énormément de personnages au destin passionnant. Un premier roman avec une écriture riche et intéressante. Un dictionnaire à portée de main est peut-être un atout mais ce n’est absolument pas gênant, ni contraignant. L’envie de me replonger dans la mythologie et l’histoire de l’Antiquité est un des effets de cette belle lecture. Différents types d’écritures se croisent dans le récit. On passe de l’intrigue policière pour la première partie, à la description de l’architecture novatrice, en passant par le quotidien et le mode de vie des différentes classes sociales, ainsi que la mythologie, la philosophie, Mais il y a aussi les intrigues de la cour et du pouvoir, des histoires d’amour, des traditions et des souvenirs ainsi qu’un récit d’aventure. Une écriture splendide – je sais je l’ai déjà dit mais je confirme -, passant par le style narratif, analytique, descriptif avec durant tout le récit une grande humanité pour chacun des protagonistes et une quête de la notion de liberté Si vous souhaitez vous cultiver en réalisant un fabuleux voyage dans l’espace et dans le temps, ne tardez pas et embarquez-vous « Dans le bleu de ses silences », le voyage est palpitant, vous ne le regretterez pas. On est juste triste que cela s’arrête. J’ai vraiment passé un super moment. Ma note : 9.5/10 Les jolies phrases Mais combien de fois voyons-nous des signes là où n’opèrent que les caprices du hasard ? Pourtant, ce sont ces malentendus là qui possèdent le pouvoir le plus déterminant de notre vie. Il était normal que les Ptolémées fussent entrés dans cette compétition de luxe et d’extravagance : rien n’était trop beau ou, à défaut de véritable bon goût, trop exceptionnel pour gagner l’immortalité. La physionomie générale d’Alexandrie n’était pas le fruit du hasard : joindre l’utile à l’harmonieux avait été le souci constant des pères fondateurs. Qui peut se vanter de deviner les pensées intimes qui agitent et déforment les traits d’un visage ? Dans cet univers d’hommes tout-puissants, la seule façon pour une femme d’assurer son propre avenir était de veiller à l’héritage de ses fils. A mes yeux, cette dernière guerre que nous avons menée et remportée confirme une sagesse que je sais depuis longtemps : on ne peut demander à aucun homme de donner sa vie pour un idéal si sa propre liberté, si le bien-être de sa famille, si la gloire de ses ancêtres et l’avenir de ses enfants ne sont pas mis en jeux. Voyez-vous, les échecs et les débâcles sont précisément ce que la vie nous offre de meilleur, et rappelez-vous que c’est un homme âgé qui vous le dit. Il est effectivement des sujets que d’aucuns considèrent comme délicats, alors que d’autres n’y voient rien d’embarrassant. Tout dépend, à vrai dire, en quels termes et sur quel ton vous comptez aborder le sujet qui me vaut votre visite. Ce jeune homme dont je vous ai raconté l’histoire me fait penser à un papillon : comme lui, attiré toujours plus fort par la lumière, il a fini par en mourir. Pour apprendre à un enfant à devenir un adulte, nous devons parfois taire nos inquiétudes et nos doutes, pour qu’il sache qu’il pourra toujours compter sur nous. Ah ! les hommes de lettres et leur susceptibilité ! Il serait affolant de calculer le temps infini que consacrent les intellectuels à se chamailler ou à se trouver des raisons de cultiver leurs angoisses, quand leur seule préoccupation devrait être la recherche du talent. Lorsqu’il s’agit de faire parler de soi, une critique négative a sans doute bien plus de valeur que des félicitations. Car soit elle est pleinement justifiée et est alors salutaire, puisqu’elle permettra de progresser à celui qui en fait les frais; soit elle ne repose sur aucun argument sérieux et, dans ce cas, elle révèle seulement des susceptibilités mal placées qui étaient cachées jusque-là. Dans tous les cas,il est précieux d’être au centre des conversations. Il n’était qu’eau et vapeur. Il était LA CRUE. Quelle ironie. Seules les armes préservent du déshonneur : les mots sont pour les lâches. Les enfants dont l’existence entière est un drame sont en général doté d’une maturité invraisemblable. Mais chez les optimistes, la promesse d’un bonheur est aussi puissante que le bonheur lui-même. De toute façon, pour les Grecs, et plus encore pour les Alexandrins, évoquer une théorie littéraire, découvrir un aspect méconnu d’un mythe ancien et repousser par le verbe les ombres de l’ignorance étaient des opportunités non seulement de divertissement, mais aussi et surtout de progrès moral. En conclusion, et pour en revenir à notre sujet de départ, je crois que l’on peut dire que la vraie liberté, comme toutes les vertus, se trouve dans la modération. Si les contraintes sont trop nombreuses, ce n’est plus la liberté. Mais s’il n’y a plus aucune limite, si l’on use de sa liberté morale au mépris de la vie même, si l’on verse dans un affranchissement, un détachement excessifs qui mettent en danger le fragile équilibre du monde, là encore, ce n’est pas d’avantage la liberté: c’est une folie. Elle se sentait différente, oui, mais pour elle, c’étaient les autres qui vivaient et s’exprimaient d’une façon insensée. Pour elle, aller en promenade ou descendre au verger, c’était partir en voyage. Oui, telle une fleur de cyclamen, il semblait destiné à ne pousser qu’à l’ombre des grands arbres. Il était monté à l’envers, tant son âme que sa destinée étaient aussi tordues que le pédoncule de ces fleurs originales qui devaient à cette particularité leur nom étrange. Ce sont les longs voyages qui, impitoyablement, nous indiquent quels chemins nous avons encore à défaire dans le cours de nos vies. Ensuite, l’autosuggestion fit son oeuvre coutumière : à force de se répéter qu’on a pas le droit de formuler une anxiété, on finit par se convaincre qu’on ne la ressent pas. Aujourd’hui, je crois avoir compris ce qui fait la grandeur de l’Homme : quels que soient nos talents, nos errances, la profondeur ou la douleur de nos souvenirs, la grandeur est ce moment précieux où nous acceptons d’être suffisamment ouverts au monde pour accueillir l’improbable l’improbable et sublime : notre destin. Nul homme, à aucun moment de sa vie, ne peut se déclarer heureux, car ce que la Fortune et les Dieux ont fait, ils peuvent aussi le défaire en un seul jour. Retrouvez Nathaliesur son blog |
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