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Personne ne ressemble plus à un vigile noir qu’un autre vigile noir
Ce roman difficilement classable fait s’entremêler deux chants. Celui d’une africanité revendiquée d’une part, une certaine mélancolie, sinon une poésie de la négritude, et celui de la condition de vigile d’autre part, une forme d’hommage à une profession. Cliché raciste, négligence ou paresse intellectuelle – « pour les blancs, tous les noirs se ressemblent. ». Et personne ne ressemble plus à un vigile noir qu’un autre vigile noir, alors. La condition de vigile. Cette profession qui ne requiert aucun bagage, ce métier choisi par défaut, ces individus qu’on ne cesse de croiser sans les voir. En une série d’instantanés, l’occasion de presqu’autant de digressions, Gauz nous en donne à voir les coulisses, et c’est jubilatoire. Ainsi l’injonction de la sonnerie du portique sécurité, à laquelle presque tout le monde obéit, révélant des différences culturelles dont Gauz dresse le portrait. Ce faisant, il nous fait découvrir son jargon. L’ouvrage est aussi une peinture du quotidien de « ceux que le système exploite en les maintenant en vie juste ce qu’il faut pour qu’ils travaillent et consomment sans se plaindre. » d’une très grande lucidité, sans apitoiement aucun, doublée d’une réflexion sur le sort des immigrés, sur la société de consommation et sur la place des premiers dans la seconde. Un roman vivifiant et coloré, une alternance de dialogues bruts ou de pensées comme tirées d’un petit carnet et de récits écrits dans une prose dense et abondante comme le lit d’un fleuve, une collection de saynètes qui prêtent à rire – mais que l’on fasse seulement un pas de côté et elles pourront aussi bien faire pleurer. Retrouvez Sophie Adriansen sur son blog |
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