Les internautes l'ont lu
coup de coeur
La Haye 2017, Adam a rendez-vous avec Alex dans un café où il travaille. On apprend qu’un attentat a eu lieu dans un lycée, celui où Kirem son frère se trouve. Adam essaye de joindre son frère, il a peur. Combien de morts ? Une vingtaine. Impossible de le joindre. État d’urgence, tout le monde rentre dans le bistrot , on s’enferme. Les rumeurs vont bon train. Soudain, les policiers fracturent la porte, obligent les clients à se coucher par terre. On crie un autre nom ; Oumar. Les policiers le saisissent et le menottent. C’est la première page que je viens de vous raconter, elle plante le décor. C’est un roman à tiroirs abordant plusieurs thèmes que nous propose Anaïs LLobet dans son deuxième roman. Il nous parle d’intégration, de différences, de déracinement, d’exil, d’identité culturelle, d’homosexualité, du poids des traditions. Tout commence par un attentat dans une école, une bombe explose , 20 vies emportées. On soupçonne très vite Kirem, le frère d’Oumar de part ses origines Tchètchènes. Plusieurs personnages. Oumar, un ancien élève brillant, arrivé seul aux Pays-Bas quelques années plus tôt. Il est homosexuel et c’est sous le nom d’Adam qu’il se réalise. Il est intégré et a découvert la liberté d’être lui-même en arrivant dans ce pays. Il a connu la guerre, la peur et sa différence, oui il aime les hommes ce qui est interdit dans son pays. Il est plus fragile, différent c’est ce que sa mère Taïssa avait compris et une des raisons pour lesquelles elle l’a envoyé ici aux Pays-Bas à la conquête d’un diplôme et de sa liberté. Kirem son frère et Makhmoud son cousin sont arrivés plus tard avec Taïssa. Alissa est prof de russe, c’est l’autre tchètchène du lycée, elle préfère cacher ses origines dont elle a honte et dire qu’elle est russe, même à son petit ami Hendrik. Que d’effort pour s’intégrer depuis 10 ans, mais la peur, le poids des traditions, les souvenirs de la guerre la poursuivent. Avec les attentats, la peur l’envahit à nouveau, elle se sent traquée et va collaborer avec la police. Kirem est son élève, il est différent d’Oumar, plus taciturne, rebelle, on pense qu’il est radicalisé. Un roman qui sur base de l’attentat nous rappelle ce que les tchètchènes ont enduré et fuis, qui nous donne une autre image de celle de terroriste qui vient en premier en général. Un livre poignant dont l’écriture est splendide, sensible et juste, qui nous parle magnifiquement de l’exil et de la difficulté de l’intégration et de la perception des autres. Elle nous parle de la difficulté voire de l’impossibilité d’assumer l’homosexualité, mais aussi d’intolérance, des codes de l’honneur très puissants, de la religion et de son poids ainsi que des différents niveaux d’intégration dans le nouveau pays. Elle nous parle aussi de la liberté qui s’exerce différemment pour chacun. Un roman coup de poing que j’ai trop tardé à découvrir. C’est un coup de ♥ Les jolies phrases On ne peut pas entrer dans une nouvelle maison tout en gardant les pieds dans l’autre. Les portes laissées ouvertes suscitent des courants d’air. Et personne n’aime les courants d’air. Ils n’avaient jamais su ce que c’était de partir, oublier, effacer, reconstruire. Ils ne savaient pas, ils ne sauraient jamais. Il n’y avait qu’une seule voie d’intégration. Celle qu’Oumar et Alissa avaient choisie. Faire table rase, prétendre que rien n’avait existé. Donner à quelques souvenirs un accent folklorique et éteindre les autres, comme on étouffe un feu pour laisser les braises vives plus longtemps, à l’abri des regards. Un simple subterfuge. C’était ce que Kirem n’avait pas compris. Quand le néerlandais s’enfuit, c’est que tu as laissé le passé absorber le présent. Alissa, elle, ne voulait pas penser aux enfants tués. Elle savait d’expérience que les noms, les photos et les mausolées n’apaisent pas la douleur et ne font que l’aggraver. Deux frères, c’est comme deux mains, leur disait Taïssa. Elles vivent leurs vies, mais elles restent inséparables. Depuis que les bombes ont explosé, Oumaa a l’impression d’être devenu manchot. Les djihadistes, c’est un peu nos nazis à nous, en fait. Il venait d’être condamné à mort, déclaré coupable du pire par les deux camps. Terroriste et homosexuel. Elle se haïssait de penser ainsi, moins parce qu’elle percevait l’horreur de son intolérance que les limites de son intégration? Retrouvez Nathalie sur son blog |
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