« Chaque jour qui passait où rien ne se passait, il rentrait chez lui plus serein que la veille et s’endormait heureux, persuadé de faire, maintenant, le plus beau métier du monde, celui d’attendre à longueur de journée que les gens ne meurent pas. »
A l’occasion de la sortie au cinéma de son adaptation avec Jean-Pierre Bacri (« Grand froid »), les éditions du Rocher rééditent le premier roman de Joël Egloff, et c’est une bonne chose pour tous les gens comme moi qui étaient passés à côté en 1999 (Prix Alain-Fournier).. Etude de moeurs sous le prétexte de suivre le déclin d’une petite entreprise de pompes funèbres, le roman agrippe son lecteur dès les premières pages et l’enchante par son humour volontiers décalé et la fantaisie de son univers. On y boit par exemple une seule chose dans le petit café du village, de l’alcool de prune maison – et gare à ceux qui persisteraient à demander autre chose. Edmond Ganglion & fils n’a de fils que le nom, et devient par la force des choses un endroit hybride où l’on vient consulter au lieu d’aller chez le docteur, ou encore se faire couper les cheveux – au grand dam du patron. Un décès dans le secteur serait normalement l’occasion de remettre les choses sur leurs rails, mais c’est sans compter sur l’espèce de malédiction qui englue tous les protagonistes…. De très jolis portraits de losers magnifiques et une sauce qui prend : à lire.