« J’ai senti une contraction dans mon estomac. Mon pressentiment était juste. Nous allions avoir un problème avec M. Mortez. Et quand on a un problème avec M. Mortez, il faut savoir une chose. C’est qu’on a non seulement le problème, mais qu’on aussi M. Mortez. »
Bienvenue chez les Dechine. Don et Betty filent le parfait amour, elle va écrire une thèse qui va tout déchirer et lui « le » roman des romans, le best-seller intelligent, il aura le Nobel, son nom brillera à jamais dans la gloire et la postérité, tout ça (son pseudo plutôt d’ailleurs, ils ne s’appellent en réalité ni Don ni Betty, encore moins Dechine). Ca, ce sera dès qu’ils s’y mettront pour de bon, en attendant ça fait sept ans que soir après soir le bon moment pour s’y mettre leur échappe, en ce moment c’est à cause des Sopranos (The Wire prendra leur suite). Mais enfin ils sont heureux, propriétaires d’un appartement dans une copropriété dynamique, amoureux, emplis de projets – et plein déni perpétuel. Et puis Don a un problème de vue, leur salle de bain une fuite, le Granch (mélange de ranch et de grange) qu’ils projetaient d’acheter est une arnaque, leur plombier est strip-teaser, leur agent immobilier danseur et les voisins complotent contre eux. J’en passe, mais vous savez ce que c’est : quand ça commence à se détraquer, tout s’y met. L’adversité n’a qu’à bien se tenir, c’est à Don Dechine qu’elle s’attaque… Un roman loufoque qui vous a à l’usure : pendant le premier tiers j’étais un peu désolée, je ne retrouvais pas la plume qui m’avait tellement séduite dans « Le rêve de l’homme lucide », et me préparais à subir un peu cette lecture. Mais son pétillement s’est faufilé dans mes réserves et plusieurs situations sont vraiment drôles. Le comique de répétition fonctionne aussi, et pour finir on s’amuse franchement !