critique de "Feel good", dernier livre de Thomas Gunzig - onlalu
   
 
 
 
 

Feel good
Thomas Gunzig

Diable vauvert
août 2019
398 p.  20 €
ebook sans DRM 9,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

Cher Thomas Gunzing,

je vais être honnête, je ne vous connaissais pas. Pas avant d’avoir ouvert votre livre.
Si j’y réfléchis bien, vous non plus…vous ne me connaissez pas !
Mais il n’est pas trop tard pour que nous nous retrouvions au bar du Matin à Bruxelles (joli terrasse !) ou en forêt de Soignes pour une promenade amicale.
Je vous raconterai ma vie. J’ai tant à vous dire qu’il nous faudra sans doute plusieurs rendez-vous. Je m’en délecte d’avance. Car vous m’avez l’air sympathique !
Grand, large d’épaules à rendre jalouses une sélection de nageuses des pays de l’Est (je suis de l’ancien temps !).
Votre physique c’est justement la première chose que l’on découvre en ouvrant le livre. Et à y regarder d’un peu plus près, vous êtes la résultante d’un clonage impossible entre Arthur H et Guillaume Gallienne (avis très personnel !).

Je me dis, malgré tout, qu’ils sont délicieux ces temps modernes. Une couverture furtive apparue je ne sais où, quelques mots dans un article et l’envie d’en savoir plus. Quelques clics à votre attachée de presse et voici l’objet de vos écritures à la maison (Vie ma vie de blogueur).

Comme beaucoup d’autres ici, votre livre resta quelque temps dans ma bibliothèque. J’ai besoin de sentir que le livre se trouve bien ici avant de le dévorer. Ou alors suis-je le Roi de la procrastination ? (plusieurs réponses possibles !).

Alors pourquoi me suis-je mis en quête de la lecture de « feel good » ? Pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi maintenant ?
Et bien parce que… je sais le prix des pâtes !
C’est vrai quoi !
Riche à foison, aurais-je ressenti le quotidien d’Alice ? Non !
Auteur à succès ayant remporté le Prix Goncourt et en passant le Prix Nobel, aurais-je senti le quotidien de Tom ? Non !
Ô rage, Ô désespoir, Ô facture de fin de mois !

« quand on est au fond du trou, il n’y a plus qu’à remonter ! » Foutaise ! Souvent au fond du trou il y a encore un trou et encore un et encore un…
« L’argent ne fait pas le bonheur ! » Foutaise, il y contribue fortement !

De l’improbabilité que les choses n’arrivent voilà, aussi, le fil de ce livre.
Improbabilité de trouver un travail. Improbabilité d’être lu. Improbabilité de trouver un sens à sa vie, de trouver une issue acceptable. Improbabilité de s’en sortir. Improbabilité d’en survivre.
Probabilité d’en rire ? Pas très élevé.

Mais « feel good » est le sentiment d’après lecture et comme le disait votre mère : « tout finit toujours par s’arranger ! ».
Qu’elle soit entendue !

Mais de tout cela nous en discuterons, un jour au bar du Matin ou en forêt de Soignes.
Je vous raconterai comment je ne suis jamais devenu riche et comment je ne fus jamais écrivain célèbre et pourquoi l’ornithorynque est sous médiatisé.
Fuck le pangolin !
Dans l’attente de votre retour.
Sébastien Beaujault

P.S. : il y a peu de chances que cette chronique fasse décoller vos ventes et vous promette un avenir plus radieux, mais sait on jamais, de l’improbabilité des choses…

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« Ça y est, j’ai fini. J’ai terminé Feel good. »

Comme Alice, moi aussi, ça y est, j’ai fini. J’ai terminé Feel good. J’ai terminé de le lire, tandis qu’elle a fini d’écrire le sien, ce qui fait évidemment une grande différence. D’après Tom, ce qu’elle a écrit est formidable. Non qu’il sache vraiment de quoi il parle, à l’entendre :
« Tom n’avait pas la moindre idée de ce qu’un « grand livre » pouvait bien être. Il ne savait pas vraiment non plus ce qu’était un « bon livre ». Tom savait (il en avait même un peu honte alors il gardait ça pour lui) qu’en matière de littérature il n’avait absolument aucun goût.` Il aimait certaines choses, il n’en aimait pas d’autres. »
Mais bon, il aime beaucoup ce qu’a écrit Alice. Comment ils se sont rencontrés, qui ils sont l’un pour l’autre, c’est toute une histoire, pas vraiment Feel good, celle-ci. On est dans l’ultra moderne solitude, telle que déjà chantée par Souchon il y a quelques années. Mais la grise, la peu glorieuse, celle qui galère de tout juste en panique-à-bord sans la chaleur du serrage de coude façon gilets jaunes. Les Sisyphes que personne n’imagine heureux, tout le monde s’en fout. Ils travaillent appliqués, besogneux, pendant des années et des années et ne joignent jamais les deux bouts, ou alors exceptionnellement le seul mois en quinze ans où aucune tuile ne leur tombe dessus. Il n’est guère étonnant qu’ils en viennent parfois à certaines extrémités pour ruer un peu dans les brancards, mais la voie choisie par Alice est elle, peu commune…
Thomas Gunzig signe ici un roman qu’on lit d’une traite tant il est réussi. Satire sociale pour sûr, il possède néanmoins un ton bien particulier extrêmement entraînant (en plus ça parle – beaucoup – de livres). Le fond est sombre, sombre, sombre mais la fantaisie semble naturelle, ni fabriquée ni forcée et surtout pas guillerette. La rencontre de ces deux forces à l’oeuvre fonctionne vraiment bien et ne donne qu’une envie : relire encore cet auteur.

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