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coup de coeur
Virée poétique
Je me suis installée sur la banquette arrière, le narrateur est au volant avec Palombine à ses côtés. Direction une région chère à mon cœur : l’Auvergne. Je découvre que Palombine est jeune et lui 33 ans plus âgé, qu’ils se seraient rencontrés sur FB et que ce périple se passe, comme disent les anciens «en tout bien tout honneur ». Le narrateur et l’auteur ne font qu’un, Palombine en est l’opposé. Elle est celle qui dit ce qu’elle pense alors que Lionel tergiverse, joue avec les mots « mots menteurs, arracheurs de dents » Un livre sur les mots, le pouvoir des mots. « Tu prends la route, là, n’importe laquelle, tu débouches sur des mots.» L’auteur joue avec eux qui sont si importants. « Tous ces lieux dits, tous isolés dans leur nom propre, ils sont tous reliés par des voies, par des roues, par des chemins creux. ». Il y a du rythme, de la musique dans ses mots « Le brut qu’on polit, qu’on ponce. Plus seulement l’accompagnement du geste, qu’on danse ou qu’on traie la vache, le pas, le pis qui gicle et qui rythme : l’inutile, et qui te comble, qui ajoute à ton cœur, à ton sans, à tes reins ; et le plaisir des neurones : la cervelle est toute proche de l’oreille. » Même lorsqu’il nous parle parisien, le parisien branché, bobo, celui qui lui fait réciter les vers de son livre de poésie devant un parterre de gens qui enfilent les verres. « Fin juin. Costume en cotonnade, chemisette, malgré tout sueur aux aisselles durant le trajet dans la torpeur du soir, sans brise, sous terre puis à l’aplomb de la ville, jour, nuit, jour, nuit, l’éphéméride troquée, feuilles qui s’arrachent, temps fébrile, illustrées chacune d’un épisode historique. » N’est-ce pas qu’il y a du rythme une portée musicale derrière ? » Ce livre est un hymne à la lenteur à l’opposé de la fébrilité parisienne « on vit avec ses rythmes jusqu’à la fêlure, après ça s’écarte ». C’est aussi la solitude du poète qui ne sait sortir de son labyrinthe, le labyrinthe de l’âge, de la mélancolie, avec, comme touche finale, la mort. Palombine est sa muse, celle qui donne de la légèreté, qui se moque gentiment de lui, qui ose dire les mots vrais. Il l’aime « comme un aime un personnage, comme on aime l’irréel ; comme on aime ce qu’on espère et qui n’est point palpable ». Elle a la vivacité de son âge et lui la mélancolie du sien. Rien d’oppressant, mais plutôt de la gaieté tant le poète et sa muse se répondent, se nourrissent l’un de l’autre. C’est la muse de ce livre. Il l’a pétrie, sculptée, ciselée avec ses mots. A la fin le poète fait mourir Palombine, se retrouve seul et, comme le roi, nu. La nostalgie y est légère avec l’autodérision qui lui sied à merveille. La vigueur des éclats de rire, des échanges verbaux se font un beau chemin dans le labyrinthe de l’auteur. Lionel-Edouard Martin tisse les mots pour relier les géographies, lier les opposés. Un coup de cœur pour ce livre. J’avais déjà lu et beaucoup aimé « Mousseline et ses doubles » et « Nativité cinquante et quelques » Retrouvez Zazy sur son blog |
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