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Roman à (trousseau de) clésC’est probablement l’un des hommes politiques les plus romanesques du 20ème siècle : son long chemin pavé de chutes et d’embûches jusqu’à l’accession à la plus haute fonction de l’Etat à 65 ans, sa double vie et son enfant caché, mais aussi ses multiples conquêtes, son amour de la culture en général et de la littérature en particulier. François Mitterrand a fait couler beaucoup d’encre. On ne compte plus les biographies et les essais qui lui sont consacrés. Mais des romans, il n’y en a pas tant que ça. Pascal Louvrier qui, à la ville, est professeur de lettres et écrivain, s’est lancé dans la fiction avec ce sujet à la fois inépuisable mais aussi drôlement risqué. L’écueil est toujours le même : comment mêler réalité et fiction sans donner l’impression au lecteur qu’il s’est fait piéger, sans l’agacer parce qu’il n’arrive pas à démêler le vrai du faux ? Pascal Louvrier imagine un vieil homme, qui fut un très proche ami de Mitterrand, même s’il resta le plus souvent dans l’ombre. Le personnage, un condensé de plusieurs politiciens est fictif, mais en revanche ce qui est raconté sur le président est authentique. Il y a plusieurs histoires en parallèle : la complicité de l’éminence grise avec une jeune journaliste, l’histoire qui se déroule aujourd’hui, son mariage houleux qui poussa sa femme au suicide, mais surtout sa relation intime et compliqué, avec le président. Il le rencontre peu après l’affaire de l’Observatoire, n’ignore rien de sa vie privée ni de ce qui se passe dans les coulisses de l’Elysée, de la complicité de Chirac qui le pousse à la présidence (contre Giscard d’Estaing), pensant que le cancer le tuera rapidement et qu’il pourra ensuite récupérer l’affaire, des dessous du « main dans la main » avec Helmut Kohl, image symbolique qui fit le tour du monde… Il paraît que le roman a même bluffé des intimes du président. Pascal Louvrier qui a été « nègre » de plusieurs hommes politiques a glané au fil des années multitude de renseignements. Et il nous embarque avec lui pour un étonnant et très intéressant voyage en Mitterrandie !
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Jeux de dupes
« Je crois aux forces de l’esprit et je ne vous quitterai pas ». Impossible d’oublier cette phrase prononcée par François Mitterrand lors de ses derniers vœux aux Français avant le terme de son mandat. Elle sert ici de titre et de fil conducteur au premier roman captivant de Pascal Louvrier. Un roman à l’atmosphère puissamment évocatrice et à la tension digne d’un polar, mais dont la réussite tient surtout à la capacité de l’auteur à nous projeter de l’autre côté du miroir « Il est plus difficile de finir que de commencer ». Superbe entrée en matière qui donne le ton et positionne tout de suite le lecteur en tant que confident de Jacques Libert, écrivain célèbre parvenu à l’extrémité de sa vie et sur le point de remettre le manuscrit de son dernier roman à son éditeur. Un ouvrage résolument autobiographique dans lequel il souhaite apporter quelques éclaircissements concernant des épisodes mystérieux ou controversés. A l’heure des bilans, c’est pourtant d’un tout autre sujet que son éditeur aimerait le voir enfin parler. En effet, Jacques Libert a été pendant quarante ans, l’ami le plus fidèle du Président Mitterrand, et son conseiller demeuré la plupart du temps dans l’ombre. Malgré les pressions, il s’est toujours refusé à la moindre révélation tirée de cette proximité hors du commun. Dans sa maison du Pays de Caux surplombant la falaise et menacée d’effondrement, Jacques Libert se souvient tout en suivant avec ironie les péripéties de la campagne présidentielle de 2012. Est ce l’approche de la mort ? Peu à peu, il se laisse apprivoiser par Louise, une étudiante embauchée pour s’occuper de sa maison et lui tenir compagnie. Louise qui semble avoir pour le vieil écrivain un intérêt qui dépasse le cadre d’une relation de subordonné. A son contact, Jacques Libert semble se livrer. Notamment sur le mystère qui entoure les circonstances de la mort de sa femme, vingt-deux ans auparavant, et sur le couple violent et destructeur qu’ils formaient tous les deux. Mais où se situe la vérité ? Dans le livre qu’il s’apprête à publier ou dans le récit de son ami témoin du drame ? Le personnage de Libert est fascinant parce qu’il emprunte aux personnalités d’hommes politiques qu’il nous semble connaître et qu’il évolue dans un univers feutré, opaque, tout en clair obscur. Le parallèle entre sa vie et celle de François Mitterrand, le secret qui les unit contribuent à tisser une atmosphère diablement efficace. Pascal Louvrier connaît visiblement bien son sujet, les arcanes du pouvoir et surtout les ego surdimensionnés de tous ces hommes qui n’ont rien de banal. Jusqu’au bout, le romancier mène parfaitement sa barque. Secrets d’état et secrets intimes se rejoignent réservant au vieil homme pourtant passé maître dans l’art de la manipulation, une ultime surprise. Avec au passage quelques réflexions politiques aussi piquantes que pertinentes, livrées par cette éminence grise à l’esprit aiguisé. Résultat, je n’ai pas lâché ce roman original, bien informé et très bien écrit. Un livre qui mérite assurément de trouver son public. Retrouvez Nicole G. sur son blog |
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