L'affaire Mayerling
Bernard Quiriny

Rivages
janvier 2018
270 p.  20 €
ebook avec DRM 8,49 €
 
 
 
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coup de coeur

Sus au béton!

Que voilà une drôle d’histoire ! Une satire mordante, un festival d’humour et de cruauté.
Le Mayerling est un immeuble flambant neuf sis à l’angle de la rue Mayerling et du Boulevard Voltaire, dans la petite ville de Rouvières. A cet endroit se trouvait un petit manoir, et les nouveaux arrivants sont très fiers de l’environnement promis.
Mais rapidement le rêve se transforme en cauchemar, tout tombe en panne, l’immeuble se dégrade à grande vitesse et ses habitants deviennent agressifs avant de subir un flot de maladies.
Au plus fort de la crise, prenant le taureau par les cornes, et n’ayant plus aucun doute quant à la nocivité, voire la méchanceté de l’immeuble, les propriétaires vont être pris dans une folie de destruction de leurs biens. Cela devient une affaire nationale qui donne le plaisir à l’auteur d’égratigner tous ceux qui voudront s’en mêler.
Sentant qu’il perd la partie, le Mayerling commet un attentat suicide. Une armada d’architectes et de promoteurs s’engage à venger le défunt immeuble : le béton doit rester roi !
Cette situation donne à l’auteur de nombreux angles de férocité, les habitants qui une fois devenus propriétaires se sentent supérieurs, les journalistes, les politiques, bref tout ce qui bouge est bon à tirer. Mais si l’on cesse de rire, on y trouve une critique radicale de l’urbanisme qui propose un entassement morbide qui n’est pas fait pour l’homme.

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coup de coeur

Béton armé

Dans ce roman en forme d’enquête, et avec une plume féroce trempée d’humour noir, Bernard Quiriny fait une satire de l’urbanisme contemporain. Entre Edgar Poe et Georges Perec, il raconte l’histoire d’une résidence moderne, comme on en voit sortir de terre dans les villes moyennes, qui s’acharne sur ses habitants. Du béton ou des hommes, qui aura le dernier mot ?

Ils avaient tous le même rêve, les habitants du Mayerling, devenir propriétaires. Et on la leur a vendue à coups d’arguments bien rôdés, cette résidence de standing ; calme, garantie du neuf, emplacement stratégique. Du promoteur à l’agent immobilier, du commercial au constructeur, tout marche comme sur des roulettes et les appartements se vendent comme des petits pains. Mais tout se gâte dès l’emménagement, et le pire est à venir. Le gentil couple Lemoine se déchire, le tout-à-l’égout se déverse directement chez les Lequennec, Madame Camy, une quinquagénaire corsetée, devient subitement nymphomane, tandis qu’une autre occupante voit défiler des fantômes dans son salon. Pas un animal ni une plante ne survivent et la cave devient le repaire de la faune délinquante de la ville. Le Mayerling déteste ses habitants dont la santé physique et mentale se dégrade de jour en jour. Réunions du syndic, appels à la police, venue d’un exorciste, rien n’y fait. Alors aux grands maux les grands remèdes…

Cette histoire énigmatique et loufoque est racontée comme une enquête. Revendiquant ses inspirations : Perec, Aymé, Ballard, l’auteur ajoute la touche d’humour noir qui le caractérise pour critiquer un mode de vie urbain individualiste et uniforme. Contre la construction à tout-va et la standardisation de l’habitat collectif, contre le béton qui envahit et déshumanise les villes, le seul moyen d’action reste l’imagination. Comme dans un roman d’anticipation, on assiste ici à une véritable guerre de civilisation face à l’envahisseur bétonné. « L’Affaire Mayerling », drôle, tragi-comique, à la morale un peu facile, nous invite à davantage d’esprit critique sur nos modes de vie modernes. Pour des politiques de la ville humanistes, habitants de toutes les résidences « de prestige et d’exception », unissez-vous !

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Et en voilà une autre pépite : que de belles trouvailles en ce moment ! Un grand coup de coeur pour ce petit bijou plein d’humour mais dont le propos, au fond, n’a rien de léger (dans tous les sens du terme!)
Voyez-vous à quoi ressemblent les dépliants publicitaires pour de futurs immeubles qui ne sont pas encore sortis de terre ? Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil : les gens semblent heureux, ils prennent le temps de se parler tranquillement (sous un ciel bleu évidemment) tandis que les autres lisent le journal sur des balcons fleuris. De jeunes couples poussent un landau tandis qu’un garçonnet en tee-shirt rouge trottine devant. Tout est promesse : de jours heureux, calmes, harmonieux. On a l’impression qu’il suffirait d’acheter un petit trois pièces dans cette résidence (qui s’appellerait Les Balcons de Cheverny ou bien Le Clos de Versailles) pour être enfin HEUREUX !
C’est précisément ce qu’ont pensé tous les futurs acquéreurs en découvrant sur papier la nouvelle résidence de standing : Le Mayerling à Rouvières. Tous les appartements ont été vendus, comme des petits pains. L’immeuble s’est bâti en un clin d’oeil : il est là, majestueux, superbe, étincelant. Il brille sous le soleil. « Un nouvel être est né : le Mayerling. 5000 m³ de béton. 300 tonnes d’acier. 150 fenêtres et portes-fenêtres. 300 portes intérieures. 1500 m² de façade isolée. 200 m² de garde-corps aux balcons, 1000 plaques de cloison, 250 plaques de doublage isolant pour plafonds, 700 plaques de doublage isolant pour les murs. 6 kilomètres de câbles électriques. 2000 prises et interrupteurs. 900 mètres de tuyaux de distribution de gaz, 8 kilomètres pour l’eau, 2 pour l’évacuation sanitaire. 2000 m² d’isolant acoustique sous carrelage, 10000 carreaux de carrelage, 7000 carreaux de faïence. 3000 litres de peinture. Et une âme noire, cachée là-dedans, dont on ignore la taille et le poids. »
Belle bête hein ? Tous les nouveaux proprios se sont installés le sourire aux lèvres et… c’est là que les ennuis ont commencé mais des ennuis un peu étranges, enfin quand je dis « un peu », je veux dire très étranges… et croyez moi, vous êtes bien loin d’imaginer tout ce qui va leur arriver… LE PIRE DU PIRE…
Le narrateur et son ami Braque mènent leur enquête sur cette affaire qui a eu des retentissements dans le monde entier et c’est avec beaucoup de sérieux, une documentation précise et des faits vérifiés qu’ils racontent ce qu’ils ont pu apprendre de cette terrible histoire.
L’affaire Mayerling est un roman savoureux vraiment désopilant qui nous régale avec son humour absurde, enfin pas si absurde que ça quand on pense à ce dont sont capables les architectes en termes de créations originales certes, mais parfaitement invivables pour les pauvres gens condamnés à les habiter.
Comme vous l’avez compris, ce livre nous invite à une réflexion sur l’urbanisme moderne, le rêve de l’accession à la propriété comme garantie de bonheur (avoir pour être… ah, ah, ah!!!), le cauchemar de la vie verticale en collectivité (et si notre environnement était la cause de notre mal-être?), l’ère du béton roi (et nos plages qui sont vidées de leur sable…)
Bref, rien de mieux qu’une petite plongée cocasse et satirique dans un monde un brin fantastique (l’est-il vraiment, au fond?), pour réfléchir à tout cela…
Et puis moi qui râle tout le temps parce que je vis loin de Paris… J’apprécie ENFIN à sa juste valeur ma petite maison à la campagne.
Comme quoi la littérature rend heureux !

Rtrouvez Lucia- Lilas sur son blog

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