La rédaction l'a lu
L’autre qu’on adorait2 m i n u t e s
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coup de coeur
Une maladie sournoise
Il m’a fallu une vingtaine de pages pour me couler dans ce roman ; le tutoiement et le vouvoiement imbriqués en compliquaient un peu la lecture .
coup de coeur
L’Amitié
« Quand on aime quelqu’un on a toujours quelque chose à lui dire ou à lui écrire jusqu’à la fin des temps ». Christian Bobin Ce livre est, comme tous les ouvrages de Catherine Cusset, extrêmement bien écrit et se lit avec beaucoup de facilité. Le lecteur vit un phénomène étrange: alors qu’il traite d’un drame, la descente aux enfers d’un charmant et brillant universitaire diagnostiqué trop tardivement bi-polaire, ce livre est extrêmement jubilatoire tant les sentiments extrêmes du héros sont bien décrits ainsi que son talent intellectuel et son enthousiasme (quand il va bien!) J’ai eu envie de lire Proust et d’écouter Nina Simone! C’est un héros surtout profondément émouvant et attachant car finalement très humain, plein de fêlures et atteint d’une maladie trop mal connue et mal soignée encore de nos jours. L’emploi de la deuxième personne tout au long des 290 pages est une prouesse. D’aucuns ont critiqué une certaine froideur, certainement à cause du récit factuel et linéaire des événements et du refus de la narratrice de tout pathos trop évident.Mais en y réfléchissant bien, quelle plus belle preuve d’amitié que la belle lettre que constitue ce livre en faisant aimer autant son héros aux lecteurs? « Il y aura moins de rire sur la terre » après la mort de Thomas mais il y reste un magnifique roman qui donne envie d’aimer encore plus ses vrais amis. Merci Madame Cusset.
coup de coeur
bipolaire
C’est l’histoire d’une amitié, forte, intense qui dure mais qui est aussi malmenée par la maladie de Thomas. Thomas c’est une des ces amitiés qui vous suivra toute votre vie sans que l’on puisse dire pour autant que c’est votre meilleur ami, on le sait, mais après, trop tard dans ce cas là. Thomas est malade mais il ne le sait pas, il croit qu’il est intense, original, excessif, voire carrément chiant dans certains cas. Ces « particularités » lui jouent des tours et lui font, disons le tout net : rater sa vie. C’est un récit à la deuxième personne du singulier, Catherine Cusset l’apostrophe, ce qui créé une proximité intense et évidente entre les deux protagonistes. J’ai aimé intensément ce récit qui m’a tordu les tripes à plusieurs reprises, tant il est tendu et ne fait de cadeau à personne, ni à Thomas, ni à son entourage, il est sans concession et criant de vérité. Acéré et nerveux
Elle l’avait rencontré parce qu’il était un copain de son petit frère. Elle avait quelques années de plus, il aimait plutôt ça, ils sont devenus amants. Puis amis. Il était brillant, d’une intelligence vive, d’une culture insatiable, d’un charisme rayonnant. Tout le monde l’adorait. Il pouvait aussi se montrer sombre, il s’éloignait alors, de tous, de tout, incapable même de sortir de son lit, tout son grand corps douloureux. Et puis l’horizon s’éclaircissait, sans qu’il comprenne comment ni pourquoi, le goût lui revenait, de travailler, de sortir, de jouir, de vivre. En cycles. Il souffrait de troubles bipolaires mais ne l’a su que tardivement, n’a pas réussi à enrayer les cycles correctement. En 2008, à trente-neuf ans, il s’est suicidé. Catherine Cusset écrit ici un roman à sa mémoire, en s’adressant directement à lui (deuxième personne du singulier, donc), et retrace sa vie mouvementée en se mettant dans le même temps au plus près de ses pensées, de sa vie intérieure – ou de ce qu’elle en imagine. (« Tu sais, Catherine, les gens ont quand même une vie intérieure. » lui avait-il dit, vexé de ce qu’elle avait écrit sur lui dans un de ses romans.) C’est le douzième roman de Catherine Cusset et je l’ai trouvé très réussi, acéré, nerveux, passionnant dans ses grands mouvements entre les continents, terrible dans ses descriptions de la vie universitaire américaine (où la médiocrité seule semble récompensée…), brillant dans ses citations culturelles, prenant, bien mené et… très froid. Je n’ai à aucun moment ressenti les émotions de la narratrice, et au lieu de penser à de la pudeur, c’est un parallèle avec l’entomologie qui m’est venu. Car indéniablement, si le portrait est minutieux il n’est pas chaleureux. |
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