C’est un roman que j’ai du emprunter à ma tante, dont la pile de livres fait le bonheur de ses acolytes lectrices de la maison de retraite. Ou récupéré après en avoir noté le titre dans un recensement sur les textes abordant les violences faites aux femmes. Qu’importe.
Même si, en démarrage de lecture, j’ai peiné à me faire à l’alternance de chapitres (un pour le jeune médecin –dont on découvre le lien avec l’héroïne après coup-, un pour Ella –personnage central de ce texte-), je me suis accrochée. La magie de l’écriture a fait le reste.
Guerre d’Algérie, épisode de l’Occupation en France, incidents aux Antilles durant les années 70 tandis que le médecin y séjourne pour son travail, les protagonistes imaginés par François Fourrier sont jetés dans des pans d’Histoire pas franchement gais.
Lui est tombé amoureux d’Ella, la jeune femme au passé douloureux. A rebours, on découvre sa trajectoire, celle d’une fillette kidnappée et vendue alors que la guerre d’Algérie fait rage. L’auteur dessine les contours d’un destin morcelé par de sacrées tragédies pour Ella, qui semble avoir surmonté le pire. Sauf que la réalité est tout autre.
L’atrocité de ce qu’elle a traversé permet de mieux saisir le processus psychique de survie mis en place par la jeune femme. Cette fiction qui met en mots les violences faites à Ella pourrait se décliner, hélas, pour toutes les fillettes kidnappées dans le monde. Boko Haram en Afrique, adolescentes enlevées par de prédateurs sexuels en Europe ou aux Etats-Unis… celles qui sont victimes d’une violence qui semble ne jamais s’atténuer. Un roman qui vaut qu’on le lise.