La nuit du revolver
David Carr

SEGUIER (NOUVELLES ED.)
l'indefinie
janvier 2017
440 p.  22 €
ebook avec DRM 13,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

Carrément

Les récits de dépendance, d’addiction ne produisent pas toujours de grande littérature. Parfois pourtant, si. Parfois, comme ici.
Cette « nuit du revolver » de David Carr est une nuit en apparence sans fin, mais finie quand même, l’auteur ayant rendu les armes il y a deux ans. Journaliste reconnu, David Carr, a fini par s’effondrer sans remise de peine en 2015. On nous dit que ses obsèques furent presque celles d’un people, d’une star, qu’une série télé tiré de ce livre est en projet, on dit qu’il y a là quelque chose de Thompson (Hunter), on y voit aussi quelque chose de Selby (Hubert) de Charles aussi (Bukowski) là où sa plume est saluée par un King (Stephen) lui aussi longtemps sujet à drogues et alcools à gogo.
Mais la nuit du revolver ne tire pas où on l’attend, elle dégaine plus loin que le « simple » récit d’un accro, avec son lot de délires, de descentes, d’excès et de douleurs. Il y a un peu de tout cela mais beaucoup plus : c’est surtout et d’abord le récit d’un homme qui veut retrouver sa vie. Ses vies.
Les souvenirs en mille morceaux à cause de la drogue, de l’alcool, qui finissent par embrouiller le cerveau et sa mémoire, l’homme David Carr tente de savoir ce que le drogué David Carr a vécu. Tenait-il ce fameux révolver cette fameuse nuit? A-t-il vraiment laissé ses enfants dans une voiture toute une nuit passée à s’injecter une petite mort? Tout ce dont il se souvient lui est-il vraiment arrivé? De quelle façon?
Le journaliste enquête sur le journaliste. L’homme enquête sur l’homme. David enquête sur Carr. Envoyé spécial spécial moi même, drogué, bourré, hystérisé.
Il entre en quête de la vérité. Mais la vérité existe-elle? Ou n’est-elle que balle à blanc?

« Livrer ses souvenirs est une manière très personnelle de créer un mythe. Que ce soit par l’écriture d’un livre, ou en discutant par dessus les chandelles d’un dîner intime, ce récit est un mythe dans le sens classique du terme, un conte avec des dieux et des moments clés. Il devient de plus en plus sacré à mesure qu’il est raconté, et peut-être de moins en moins véridique ».

Détonnant.

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