« Rencontrée » par l’intermédiaire de sa « Distraction des gares », Monique Debruxelles m’avait allègrement emporté dans son univers… j’y replongeais donc avec autant de plaisir que d’appréhension quant à savoir si cette « Nuit Tango » allait me réserver le même bonheur. Force est de constater que non : ce n’est pas le même bonheur… Il est encore meilleur, il est encore plus fort !
A travers 9 nouvelles, de tailles plus ou moins courtes, Monique Debruxelles recrée et améliore encore l’univers qu’elle nous avait offert précédemment. On la sent nourrie à la 4° Dimension, à Hitchcock, aux films dramatiques où la tension est tout à la fois omniprésente et croissante.
D’une femme possédée par l’esprit de sa sœur morte d’un accident de la route (télescopée par un autobus) dont on se demande si c’est réellement un accident à une femme qui décapite son amant et sa voisine et dont les têtes sont taxidermées par l’époux de la voisine mais continuent à parler en passant par un ermite qui récupère le fauteuil abandonné d’un psy et qui voit défiler toute la région sur ce divan et qui finit par rencontrer le psy qui a vu sa clientèle se déliter après qu’il se fût séparé de son divan, par une femme ayant perdu l’esprit entourée de deux frères et d’une vengeance sans que l’on sache qui manipule qui, par une femme qui emprisonne les visages des habitants d’un village, les privant de leur âme et de leur individualité et qui se retrouve aux prises avec un étrange médecin qui récupère l’âme de ses patients agonisants sous forme de papillons, par des jeunes qui enquêtent sur des phénomènes paranormaux dont l’apparition spontanée de stèles mortuaires dans un village et quittent le dit village en n’émettant plus aucun son audible par d’autres qu’eux-même, par une pension périclitante et l’apparition soudaine d’un corps dans la baignoire une nuit d’orage où les communications sont coupées et où personne ne peut quitter la maison, par un cirque et une diseuse de bonne aventure aux étranges pouvoirs et qui joue le rôle de bonne étoile du cirque ou enfin par une histoire de familles qui se livrent une lutte quasiment millénaire pour la suprématie d’un petit village reculé au fin fond d’un pays imaginaire qui pourrait se trouver quelque part entre les Carpates et Vérone, en passant donc par toutes ces petites histoires, écrites et racontées avec brio, Monique Debruxelles joue avec la réalité.
Celle-ci lui sert de base de départ avant de faire déraper son histoire vers des contrées mystérieuses, comme si les personnages et le lecteur avaient traversé un épais nuage de brouillard pour se retrouver dans le même lieu mais ailleurs !
C’est fin, c’est parfois drôle, c’est toujours étonnant et décalé, c’est fantastique, c’est science-fictionnesque, c’est plein de tension et d’épouvante… c’est indispensable !