Le roman commence au moment où la vie de couple de Marion, 40 ans, bascule. Elle quitte le domicile conjugal pour rejoindre son amant danois dans un hôtel de la Porte Maillot. Mais ce rendez-vous n’avait de sens pour elle que dans la mesure où il n’était qu’épisodique. Or, elle se rend compte que ce type de récréation n’a brutalement plus aucun sens. Car son amant n’entend pas changer son mode de vie qui lui convient parfaitement. Âme en peine, elle trouve refuge au bar de l’hôtel pour prendre un verre et faire le point.
Roger Bradier, l’homme qu’elle croise à ce moment et qui semble tout aussi seul qu’elle, n’est pourtant pas du genre à vouloir recueillir ses confidences. Quand bien même il se rend compte qu’il a affaire à une histoire assez banale, il va décider de faire un bout de route avec elle, en lui expliquant que son scénario « si bien ficelé depuis des années a explosé à la cuisson et au lieu d’être l’héroïne de votre sitcom, vous n’en êtes même pas une victime. »
Ils quittent Paris pour changer d’air. « On ne s’est jamais vraiment écoutés, on avait seulement besoin de respirer chacun de notre côté, c’est tout. »
C’est alors que Marion va petit à petit, pièce par pièce, s’intéresser à l’histoire de Roger. Par un habile renversement des rôles, le lecteur va alors découvrir que c’est lui qui devient le personnage principal et que cette virée en Bretagne n’a rien de fortuit. Que la bourgeoise parisienne et ses problèmes de cœur
est bien loin de faire le poids face aux drames vécus par son compagnon d’infortune, celui qu’elle considère comme un être falot, provincial et paumé.
Face aux vagues, là où précisément la terre s’arrête, elle va découvrir son homosexualité, mais surtout devenir la dépositaire d’un secret de famille autrement plus lourd.
Avant de se lancer dans une vengeance par procuration. Même si ses motivations restent floues, Marion devient alors l’exécutrice d’un épilogue totalement inattendu et qui mérite bien les quelques agacements qui auront pu émailler la lecture jusque là . Car Sylvie le Bihan sait à la perfection distiller l’exaspération comme on ferait monter une mayonnaise, ajouter du vinaigre au récit comme sur un plateau d’huîtres avant de nous surprendre à l’heure du dessert.