Les romans sont rares à évoquer la période de l’après-guerre, plus encore ceux qui s’intéressent au monde ouvrier et à la manière dont le petit peuple a su se reconstruire après le cataclysme de 1939/45.
Avec son premier roman, La petite Stéphanoise, Thierry Poyet propose un émouvant portrait de jeune femme, courageuse et volontaire, qui ne connaît pourtant pas un destin facile.
Ses deux frères sont morts pendant un bombardement en mai 44 à Saint-Etienne. sa mère en est traumatisée à jamais et la famille éclate avec cette tragédie. Mais la petite Brigitte n’a que 10 ans et il lui faut apprendre à se reconstruire, à grandir, à devenir une femme.
Pendant des années, elle cherche le bonheur mais elle n’est destinée qu’à une vie de domestique ou d’ouvrière et même son mariage est promis à un échec. Mais elle résiste : Brigitte est uen vraie « résistante » en temps de paix !
Non, ce roman n’est pas sombre ou triste, ou désolant ! C’est au contraire, sans parler forcément de résilience, un roman sur le courage, la force de caractère d’une jeune fille en train de devenir une vraie femme. Brigitte est une vraie héroïne qui affronte les vents mauvais et se tient toujours debout. ses rencontres sont des bouées qui la sauvent provisoirement mais elle s’accroche, elle y croit. Elle a envie que le bonheur soit au bout…
Franchement, on aimerait connaître davantage de petites Brigitte dans sa vie.
Je vous recommande ce roman, il est émouvant, il est puissant. Il y a plusieurs passages très touchants, dont on garde longtemps le souvenir après la lecture, par exemple la lettre que Stanislas, un ami polonais, va envoyer à Brigitte quand il est obligé de s’éloigner d’elle. C’est pathétique et vraiment très beau !
Ce roman plaira à un grand nombre de lecteurs (lectrices?), d’abord parce que cette histoire de femme offre un vrai modèle de vie, de courage, d’obstination au bon sens du mot ; ensuite parce que c’est aussi un très fort tableau du monde ouvrier, et accessoirement un bel hommage à la ville de Saint-Etienne.