Attention ! Histoire vraie et quelle histoire, écrite de surcroît dans un français remarquable.
Le jeune Georges Bridgetower, 9 ans, est né à Vienne d’une mère blanche hongroise et d’un père noir, originaire de la Barbade. Le jeune garçon est un violoniste fabuleux, il a été l’élève d’Haydn. Son père décide de suivre les traces du père de Mozart afin d’accéder à la richesse et à la célébrité grâce au talent de son fils.
C’est donc à Paris qu’ils débarquent tous deux au début de l’année 1789. Le père se fait passer pour un prince d’Abyssinie, s’habille à la mode turque, histoire de ne pas passer inaperçu. Il réussit à organiser un premier concert où Georges éblouira tout le monde par sa virtuosité. Dès lors, les portes de la bonne société et des salons parisiens leur sont ouvertes. C’est ainsi qu’ils vont côtoyer les plus grands savants de l’époque, rencontrer les philosophes, les esprits les plus éclairés.
Pendant plusieurs mois, ils vont mener une vie bien remplie mais la Révolution éclate et ils doivent trouver refuge, quasiment sans un sou (le père perd au jeu les sommes importantes gagnées par son fils) à Londres où rien n’y personne ne les attend.
Après des semaines de galère, le jeune Georges sera remarqué par le Prince de Galles qui va le prendre sous son aile et sa vie en sera profondément changée à tout jamais.
Et le titre me direz-vous ? La sonate à Bridgetower existe réellement. Elle a été écrite par Beethoven pour George mais à cause d’une brouille qui marquera la fin définitive de leur amitié, on la connaît maintenant sous le nom de Sonate à Kreutzer, autre violoniste célèbre de l’époque.
Ce roman est particulièrement intéressant car il aborde certes l’histoire de ce violoniste dont personnellement je n’avais jamais entendu parler. On découvre ce qu’était la vie des artistes à cette époque, la « fourmilière intellectuelle » qu’était Paris avant la Révolution, la propagation des idées qu’elle porte.
Et puis surtout, il pose la question de l’esclavage et de la condition des Noirs en France. George est mulâtre, son père est descendant d’esclave mais est un homme libre.