Le narrateur est chômeur. Comme trois millions de personnes. Mais avec des indemnités supérieures à ce que gagnent 80% des Français qui travaillent. Du temps et de l’argent, donc. De quoi mener la belle vie. A condition de savoir s’occuper.
Et c’est bien là le problème. Notre bobo chômeur se connecte 4h52 par jour sur Facebook et enchaîne les apéros. Avant Pôle Emploi, il officiait dans la pub. Alors avec/devant les potes, les idées de projets fusent – mais pour les mettre en œuvre, on verra plus tard. Après sa soirée avec Anouk, par exemple. Qui lui plaît vraiment. Mais qu’il ne fait pas tellement rêver. Qui un bomeur peut-il faire rêver, en réalité ?
Quand on est au chômage plus que dans n’importe quel autre cas de figure, on sait ce qu’on a été mais pas ce qu’on va devenir. Comment exister aux yeux de l’autre quand on ne parvient plus à le faire aux siens ? Comment avoir le sursaut salvateur quand la confiance en soi est sacrément entamée ?
Sur un ton ultra léger, dans une langue plus orale qu’écrite, et avec des hein qui scandent un récit au rythme déjà rapide, Nathanaël Rouas pointe des situations absurdes qu’il saupoudre de réflexions bien senties sur ce que l’on peut et veut faire de sa vie. Ce livre, son premier et – est-il promis – aussi son dernier, dédramatise le chômage tout en incitant à donner quelques bons coups de pied au c*l. C’est drôle, et ça a aussi le mérite de rappeler qu’entre le chômage et le salariat, les alternatives existent. Un instantané de société, et évidemment pas un objet à considérer sur le plan littéraire.