C’est Julien, il doit avoir la trentaine, qui raconte l’histoire. Julien c’est le fils. Henri, c’est le père. Mitron dans sa jeunesse, il reprend, à son retour de la guerre d’Algérie, un café restaurant en face de la gare d’une petite ville de province qu’on imagine en Franche Comté. Lulu, un compagnon de régiment qui a servi sous ses ordres, est de la partie. Et c’est ainsi que naît Le Relais fleuri restaurant sans prétention où l’on mange une cuisine franche, savoureuse et généreuse qui ressemble au patron. Au fil des pages, on se laisse prendre par des odeurs de vol au vent, de pâté en croûte, de frites maison, de gougères, d’escalopes panées croustillantes, de civet ou de brioche, que Julien décrit avec gourmandise, lui qui rêve de devenir cuisinier comme son père. Mais Henri, ne l’entend pas de cette oreille. Pas du tout. Lui, rêve pour son fils d’une vie meilleure grâce à de « bonnes études » comme disent ceux qui n’en n’ont pas faites.
Un roman d’amour
Alors, évidemment c’est compliqué, et l’on accompagne Julien tout au long du livre, le soutenant dans cette opposition discrète mais déterminée au père. On le voit se débattre, aidé par des personnages tous plus attachants les uns que les autres, l’immuable Lulu, toujours là, qui rapporte les morilles, les brochets et les anguilles, Gaby le tonton chaleureux et complice, amoureux de la douce Maria, ou encore Hélène mystérieuse et bienveillante.
On ne vous dira pas si le fils réussit à devenir cuisinier, s’il retrouve son père, pas plus que ce qu’il y a dans ce « Cahier de recettes ». On ne vous le dira pas, parce qu’on ne raconte pas la fin d’un roman d’amour mais, surtout, parce qu’on veut qu’à votre tour vous vous laissiez prendre par le charme irrésistible de cette écriture douce et par cette histoire à la fois simple et compliquée comme la vie.