Mais diable, qu’a-t-il fait pendant dix-huit ans ? Car, même si Daniel Pennac pratique volontiers le hamac, on l’imagine mal se balancer à longueur de siestes… Alors c’est vrai qu’il a pris goût à la scène où, se glissant dans la grande tradition anglo-saxonne, il a beaucoup lu, et fort bien, des textes en public (les siens et ceux d’auteurs qu’il aime).
18 ans plus tard, toujours aussi déjanté !
Il a publié quelques livres aussi, des best-sellers comme « Chagrin d’école », « Journal d’un corps », mais point de Malaussène à l’horizon. Et puis elle a fini par lui manquer cette famille déjantée, son langage fleuri, ses forfaits, ses extravagances. Et nous revoici repartis pour deux tours au moins, puisque le chiffre 1 qui figure sur la couverture nous laisse espérer une suite.
Près de deux décennies ont donc passé. Benjamin Malaussène se retrouve aujourd’hui à la tête d’une ribambelle de neveux, une génération qui semble tout aussi loufoque, sympathique et généreuse que la précédente. Quant à sa petite sœur prénommée Verdun que l’on avait quittée bébé, elle est devenue juge d’instruction ; pour travailler en toute sérénité, pour que prévenus et avocats ne soient pas distraits par son physique avantageux, elle s’enlaidit à l’extrême !
Le charme Pennac opère de nouveau
Dès les premières lignes, on s’immerge dans cette ambiance Malaussène. L’auteur s’en donne à cœur joie et chaque page apporte son lot de surprises, d’inventions… et de tuiles, car lorsqu’on est bouc émissaire professionnel – c’est le cas de Benjamin Malaussène – il ne faut pas s’attendre à ce que la poisse vous oublie ! Très vite, le temps est aboli, et si un glossaire clôt le roman pour vous remettre les aventures passées et les noms en tête, il est superflu de le consulter tant ce petit marchand de prose réussit à nous (re)capturer et à nous (re)captiver. Un fois encore, le charme de Pennac opère.