J’avais découvert Gaëlle Josse avec « Les heures silencieuses ». J’ai retrouvé dans ce roman le même rythme assez lent : il ne se passe pas grand chose mais elle nous entraîne à chaque fois dans les profondeurs de la personnalité du personnage principal. Il s’agit ici de John Mitchell, officier de l’immigration et directeur depuis de nombreuses années du centre d’Ellis Island. Le roman démarre en novembre 1954, à quelques semaines de la fermeture définitive prévue pour la fin décembre. John Mitchell reste seul sur l’île, il doit superviser les derniers préparatifs. Parcourant les couloirs, les salles du centre désert, il se remémore sa vie dans cet endroit si particulier. Si les 6 premières années passées à Ellis Island furent agréable grâce à l’amour de sa femme, John n’a fait que survivre jour après jour après le décès de celle-ci. Ces quelques semaines avant de quitter définitivement l’île vont lui permettre de revivre les rencontres qu’il a pu y faire et tenter d’expier la faute qu’il y a commise. Ce que j’ai aimé dans ce roman, qui se base sur des faits réels, c’est la découverte de cet endroit qui était à la fois un lieu d’espoir pour les migrants, un centre de détention ainsi qu’une porte qui pouvait se fermer définitivement sur un rêve de liberté. J’ai trouvé que dans le contexte actuel, il nous offre une réflexion sur ce que peuvent vivre et ressentir des gens obligés de fuir leur pays pour survivre : « Nous n’avons plus rien, Monsieur, sinon la certitude de demeurer des exilés, jusqu’à notre dernier jour, loin du monde qui nous a vus naître et grandir, loin de notre langue natale. Faut-il encore que nous nous passions des accents sur notre nom ? Puis il sourit avec une désarmante tristesse. Je n’avais pas su quoi répondre, et m’étais contenté de rectifier l’erreur, comme un écolier pris en faute. » A lire absolument.