Ce bouquin est un slam. Un vrai bon slam, cru, trash, tendre, qui nous attrape la main dès la première page pour ne plus la lâcher. Attention, atterrissage mouvementé en banlieue, dans ces banlieues chaudes quand elles ne sont pas tout simplement des zones de non-droit.
Ben vit là, avec sa mère guadeloupéenne, ses deux agaçants petits frères et sa soeur trop parfaite.
Ben tourne en boucle dans son crâne des scènes brulantes de sexe débridé. Tout son être appartient à celui qu’il nomme, pas peu fier, « Vertical ». Il a dix-sept ans, et si les filles occupent ses fantasmes solitaires, aucune ne s’intéresse à l’adolescent rondouillet et pas très délicat dans ses tentatives d’approche. Leur monde est ainsi. La délicatesse serait un aveu de faiblesse.
Et pourtant, il est délicat, Ben, quand il barbouille les murs dégueulasses de son art en bombe. Il est doué, très doué quand il balance sa poésie qui fait pshitttt et se tire vite fait en riant avec ses potes. Ne pas se faire pincer, c’est l’enjeu. Passer un message à la belle Marie-Ange qui fait palpiter autre chose que Vertical, là dans sa poitrine, et espérer faire mouche.
Mais il y a cette réalité qui rôde, les deux gangs ennemis, pas des rigolos. Quand ça s’affronte entre les Mambas et les Requins, ça laisse de la chair sur le bitume.
La princesse de ses rêves est une créature parfaite qui côtoie l’enfer et Ben n’est pas armé pour combattre ces démons-là. Mais son coeur a le courage du désespoir, celui qui fait de lui un guerrier, prêt à sacrifier sa vie pour ne pas crever sur pieds sans avoir connu le grand frisson.
Un roman coup-de-poing, brut de fonderie, qui chamboule magnifiquement le train-train quotidien des gens sans histoires.