C’est le premier roman de cette artiste pluridisciplinaire. Un premier roman au souffle court, racontant la fuite désespérée d’une femme vers le Nord, qui croise sur sa route d’autres femmes, d’autres hommes et un enfant.
On ne connaît pas son nom, elle dit juste qu’elle veut échapper à l’« homme chien » à ses trousses, qu’elle doit le devancer, question de vie ou de mort, alors elle trotte comme un « poulain » avec un seul objectif : le nord, celui de la France d’abord, puis du monde. Un automobiliste la conduit jusqu’à Lille, direction ensuite la Belgique, et la Hollande. Là, elle s’accorde une pause et cohabite avec trois Polonais. Un jour, l’un d’eux ramène un enfant ; en le voyant, notre héroïne est frappée du « mal de l’attachement », un sentiment maternel inédit. C’est donc avec le petit orphelin qu’elle reprend la route sans modifier son but. Défilent en train les paysages d’Allemagne, de Suède puis de Norvège. Faux papiers, vol d’enfant ; elle sait qu’elle n’est pas dans le droit mais au bord de la folie. Jusqu’où ira-t-elle désormais pour garder le garçon ? Plus elle met de distance entre la société et leur couple étrange, plus elle s’éloigne de la légalité et de la morale, et plus elle se rapproche de la faute.
Dans une écriture à bout de souffle, Nathalie Yot exprime une poésie de la nature et des éléments, ainsi qu’une âpreté de l’existence, où les êtres en perdition ne peuvent se fier à leur boussole cassée qui incite au franchissement de toutes les frontières, à la transgression de toutes les limites. Voici un roman percutant, dérangeant, qui bouscule et interroge. Mais c’est bien à cela aussi que doit servir la littérature.