Le sourire du scorpion
Patrice Gain

mot et le reste
litteratures
janvier 2020
210 p.  19 €
ebook avec DRM 11,99 €
 
 
 
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coup de coeur

Victimes collatérales

Le quatrième roman de Patrice Gain possède le suspens d’un thriller mais dépasse la frontière du genre en s’inscrivant aussi dans le courant de « nature writing » et du roman d’apprentissage. Tout commence par des vacances en famille : Alex, Emily et leurs deux enfants, Luna et Tom, des jumeaux de quinze ans, vivent en nomades ; les parents travaillent comme saisonniers ici ou là, libres de leurs déplacements dans un camion aménagé. En juillet 2006, accompagnés de leur ami serbe Goran, ils sont au Monténégro pour une expédition en rafting de quatre jours sur la rivière Tara où Goran leur sert de guide. Or, la descente du canyon vire au cauchemar ; les conditions météorologiques sont détestables, la rivière déchaînée est en crue, le canot pris dans les orages se renverse à plusieurs reprises, jusqu’au drame. Puis Tom, le narrateur, passe des gorges monténégrines au causse du Larzac en Aveyron, où les adolescents vont voir leur vie changer. Le deuil entaille leur confiance en la vie, Luna prend ses distances, au désarroi de son frère que la solitude gagne malgré une ouverture à la société. Peut-être à cause de celle-ci, des doutes affleurent sur le drame du Monténégro, pays des Balkans où les plaies de la guerre sont encore à vif. Après le génocide de Bosnie, les vengeances et les haines couvent toujours, prêtes à s’embraser. Si les paysages de falaises et de canyons participent à l’âpreté et à la lourdeur de l’atmosphère, l’Histoire est centrale, et la barbarie cynique rattrape nos héros. A l’instar d’un David Vann, l’auteur dose parfaitement la tension jusqu’à l’explosion de désespoir finale.

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