Devant partir en voyage je me suis dit que j’emporterais dans le TGV qui devait me conduire en Belgique pour un congé d’une semaine, le livre de Natacha Calestrémé : « LES BLESSURES DU SILENCE » (que j’avais eu la chance d’avoir par l’intermédiaire de ma librairie préférée). Quand je l’ai commencé j’ai été happée par l’histoire si bien que je l’ai lu en un temps record. D’habitude je lis très vite mais là, j’ai été vraiment été prise par cette histoire de violences conjugales, de disparition inexpliquée et inexplicable d’Amanda Moulin, qui de plus, a laissé ses trois filles : Zoé, Jade et Lola. Une chose impensable de la part de ses proches. Son mari, Henry Moulin ne signale sa disparition que quelques jours plus tard et ne semble pas très soucieux alors que tout le monde pense qu’elle s’est suicidée car on découvre, par la suite, qu’elle est dépressive – enfin, c’est son mari qui le dit et qui lui fournit des antidépresseurs prescrits par son père médecin.
Bizarre et on peut lire :
« – A partir du mois de juillet, puis toutes les deux semaines, le docteur Victor Moulin, le père d’Henry, a prescrit des antidépresseurs à sa belle-fille.
– Alors que ça fait six mois qu’il est inerte dans son fauteuil avec une sonde dans le bras…
– Attends, le plus beau est à venir. Les médicaments ont été payés avec la carte Visa d’Henry.
– Le mec est tellement sûr de lui qu’il ne doute de rien.
– On a enfin quelque chose contre le mari. Usurpation d’identité, faux et usage de faux ».
Je reconnais que cette information vient un peu tard mais je signale que l’enquête est longue.
Le livre est ainsi construit : Des chapitres sont racontés par Amandine avec un compte à rebours – d’autres chapitres sont racontés par le policier chargé de l’enquête, l’inspecteur Yoann Clivel aidé de son binôme Christian Berckman – on finit aussi par mettre un chien sur ses traces « Bestof » qui les mène au bord d’un lac où on repêche le portable de la disparue – des retours sur le passé puis sur le présent.
La révélation est faite sur des violences conjugales psychologiques (verbales) qui ne laissent donc aucune trace. La pauvre Amandine était terrorisée par son mari mais n’avait pas le courage de le quitter. Elle était prise dans cette tourmente infernale et ne se plaignait pas. Au contraire elle cherchait des excuses à cet homme en se disant que le mal venait peut-être d’elle. C’est souvent ainsi dans ces cas. En lisant cette histoire, cela m’a évoqué le livre de Marie-France Hirigoyen, l’auteure du « Harcèlement moral », et qui dénonce dans “Femmes sous emprise” les violences verbales et psychologiques au sein du couple. D’ailleurs Natacha l’évoque dans ses Remerciements.
Ce harcèlement moral dans un couple est maintenant puni par la loi, mais il faudrait pouvoir prouver où il commence. Très souvent la Police n’y croit pas trop et cela est la cause de nombreux cas graves.
J’ai aussi lu une fois que l’on appelait ce harcèlement moral : « le poison de l’amour ».
Mais revenons à l’enquête qui est longue (je l’ai déjà dit plus haut), difficile et qui est LE suspect numéro 1 ? : toujours le mari évidemment.
J’ai vraiment ressenti une grande empathie pour Amandine, (dont l’exutoire est de chanter pour faire tomber la pression) ; je l’ai imaginée avec sa souffrance et son sentiment d’impuissance. D’autant plus que de nombreuses femmes sont victimes de cette « agression » de la part de leur conjoint. Mais si j’ai eu ce sentiment, je me suis tout de même dit que je n’aurais pas réagi comme elle : je ne me serais pas enfermée dans ce déni mais c’est un livre que je chronique et pas mes sensations.
On suit donc pas à pas, chapitre après chapitre tous les événements et on se demande ce qui est vraiment arrivé à Amandine dont les parents eux-mêmes croient à sa mort. Quant au mari, il s’est vite fait à l’idée de la disparition de sa femme et intrigue les policiers par son attitude.
Du côté d’Amandine l’ important était de reprendre confiance en elle, C’était de parvenir enfin à réagir, de surmonter sa profonde angoisse. Mais que lui est-il donc arrivé ? C’est la question que je me suis posée tout au long de ma lecture en impatiente de connaître le dénouement.
Eh bien je peux vous assurer qu’il faut absolument bien lire ce livre et jusqu’à la fin car on y trouve de nombreuses surprises. Mais je ne dirai pas si elles sont bonnes ou mauvaises. Pour connaître la fin de cette triste histoire, je vous invite à lire cet ouvrage.
Par contre c’est vraiment un livre poignant, émouvant. Le style de Natacha Calestrémé est facile à suivre, bien conçu. J’aime bien lorsqu’il y a des « flash-back » et lorsque plusieurs voix racontent chacune à son tour.
Le thème de son livre est de plus d’actualité avec toutes les formes de harcèlement qui existent et qui, à présent, sont révélées : professionnellement, sexuellement et
harcèlement moral dans le couple, c’est-à-dire une violence psychologique quotidienne, une spirale infernale dont il est difficile de sortir à moins d’oser faire le geste nécessaire mais qui brisera enfin la trop grande souffrance psychique.
D’après certaines statistiques, ces victimes sont bien plus nombreuses qu’on ne le pense car la société est ainsi faite que les autorités juridiques ont bien du mal à vouloir admettre ce problème de persécution qui est difficile à prouver. Ceci d’autant plus que l’on entend dire que la plupart du temps, on reste par peur de la solitude et que trop souvent on ne gagne pas. On comprend donc pourquoi tant de femmes ont peur de réagir et c’est vraiment très malheureux car parfois, il arrive de véritables drames qui auraient pu être évités.
Vous l’avez vite compris, j’ai été émue par la pauvre Amandine, passionnée par ce livre, par tout ce qui est décrit. A signaler que l’inspecteur lui-même connaît quelques problèmes de couple car trop pris par son métier, sa compagne Alisha l’a quitté et il ne s’en remet pas. Mais ils se revoient et c’est donc une deuxième histoire de couple. Je ne veux pas en dire plus et si vous tenez à savoir comment finit cette dramatique histoire, il faudra lire ce livre bien réussi d’une auteure que je ne connaissais pas et qu’à présent j’estime.
Une petite piste ? Ceci relevé à la fin du livre :
« – Ce que vous dites est étrange… Elle était victime des silences de son mari et maintenue prisonnière de ses propres silences, mais elle a trouvé le moyen de communiquer avec vous sans parler…
– Oui, c’est faire preuve d’un courage extraordinaire que d’oser sortir des blessures du silence. »
J’espère toutefois que ce livre n’intéressera pas que les femmes et que des hommes y seront sensibles.