Son père et son frère le disent : « Elle a cessé de répondre, c’est tout ». Quelque chose est parti avec la mort de sa mère. « Les paroles c’est pour s’arranger avec la vérité quand ça coince. » et maman n’est plus là pour consoler, alors, tout reste à l’intérieur de Blanche, plus rien ne sort.
Blanche a mal, elle est douleur. Plus personne ne prendra soin d’elle comme sa mère. Son père et son frère emmurés dans leurs propres chagrins ne le peuvent pas. Alors, ils la confient à Annie pour qu’elle essaie de guérir Blanche.
Anne essaie d’apprivoiser Blanche. Blanche a sa place devant la fenêtre et regarde le chemin. Elle sait qu’elle ira dans le bois plus tard.
Annie parle pour deux et attend « Monamour ». « Monamour » ! Entre eux, le regard est éloquent. Monamour est jaloux de la place qu’a prise Blanche dans la vie, la maison d’Annie. Il ne s’y retrouve plus et puis, il y a l’enfant, là sans être présent mais qui prend une place énorme entre eux. Lorsque Monamour devient Ian, tout devient possible avec Blanche. Ces deux-là s’apprivoisent petit à petit. Blanche lui apprend l’attachement, lui, lui apprend la mort, la vie. Pourtant, au début, ce n’était pas gagné.
Annie l’enlace, l’entrave de ses bras, de ses mots. Ian la libère. Ils forment un drôle de trio, une drôle de famille. Ça les fait rire lorsque le restaurateur leur trouve des ressemblances, ça ressemble au bonheur ? C’est un petit bonheur.
Un jour Ian est parti, Annie se vautre dans son chagrin. Blanche attend, apprivoise la forêt, et se ré-apprivoise par la même occasion. Là, elle peut jeter les mots qui sont en elle, apprivoiser la sauvagine qui est en elle, accepter la mort de sa mère.
Ian a tout deviné, pas besoin de paroles entre eux « Quand on parle, ça abîme des choses ». Ian, l’éternel fugueur sera le point d’ancrage de Blanche. Il le lui a dit « je te donnerai mon numéro de téléphone. Si tu m’appelles, je répondrai. N’importe quand, même dans dix ans. Même quand tu seras vieille. Si je suis vivant, je répondrai. Même si je ne sais pas quoi dire ».
C’est une histoire d’amour entre eux, un amour pur, filial. Ils se sont choisis, ils n’oublieront jamais.
Lorsque je suis arrivée à la fin, une grande émotion m’a fait dire « C’est beau ». C’est aussi bête que ça. Oui, c’est beau. L’écriture de Veronika Mabardi est belle, poétique, j’y ai senti des absences, des hésitations, des approches beaucoup d’amour.
Les dessins d’Alexandra Duprez, noirs et blancs, faits de traits, tirets, comme ces cartes postales brodées, soulignent et interprètent les phrases, comme celle de leurs ressemblances.
Un livre tout en délicatesse. Un coup de cœur.
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