L'été des noyés
John Burnside

Editions Métailié
août 2014
336 p.  20 €
ebook avec DRM 12,99 €
 
 
 
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Un roman enveloppant et troublant

Ce roman, c’est d’abord une atmosphère ; enveloppante, troublante, énigmatique et brumeuse, puis un lieu ; une île du nord de la Norvège, ses vastes prairies, sa mer ondulante et calme, sa forêt sombre, ses plages de galets, ses petites maisons aux couleurs chatoyantes, ses rares pêcheurs, une saison aussi ; l’été avec la lumière si particulière des pays nordiques, sa douceur, les fameuses nuits blanches où jour et nuit se confondent à l’image du ciel et de l’eau qui se reflètent et se mélangent l’un dans l’autre désorientant les hommes, leur sommeil et leurs rêves. Ce livre laisse également la part belle aux contes féériques et autres légendes populaires parcourues de trolls, quant aux personnages « réels », ils sont insaisissables, presque evanescents. Burnside, à travers une écriture onirique, place le lecteur dans une sorte de monde parallèle, navigant entre la réalité, l’imagination et le surnaturel.
Les yeux grand ouverts, Liv, une jeune femme de dix-huit ans, arpente cette île alors que coulent les heures. Elle vit ici depuis quelques années avec sa mère, une artiste peintre renommée qui du jour au lendemain a fui l’agitation de la ville pour travailler dans la sérénité et la solitude. Une mère toujours là – dans son atelier – et pourtant si lointaine, toute à son art. Son père, Liv ne le connaît pas. Et justement, cet été-là, une lettre arrive d’Angleterre. Des nouvelles de cet homme. Mais a-t-elle vraiment envie de savoir qui il est ? Le rencontrer bouleverserait-il son cheminement personnel ?
Avant même de recevoir cette missive, la jeune femme avançait dans la vie l’esprit confus. Sa scolarité finie, elle ne savait que faire après. À la recherche d’un sens à donner à son existence, d’une direction. Ce père ne semble pas lui avoir manqué. Plutôt solitaire et taiseuse, la seule personne qu’elle aime voir et écouter est son voisin, Kyrre, un passionnant conteur. Il lui parle de la Huldra, cette femme d’une grande beauté qui hante la forêt et le bord de mer pour séduire les hommes et leur faire risquer leur vie. Et cet été-là, de mystérieuses noyades d’hommes vont se succéder. Liv les connait tous. Elle croit savoir qui se cache derrière la Huldra : Maïa, une jeune femme de son âge.
Hallucinations, craintes, sensations d’être épiée, Liv va être aspirée dans une spirale infernale qui l’empêche de distinguer la réalité de l’imagination. Sa vision se trouble. Ses sens lui échappent. Son regard inconstant trahit ses doutes et ses appréhensions face à la vie d’adulte qui l’attend.
Un roman écrit par un poète, cela se sent : les métamorphoses de la nature, les mirages, la beauté et la noirceur des âmes, le lyrisme. Si l’auteur m’a embarquée dans son histoire, je dois avouer avoir ressenti une certaine frustration le livre terminé devant le manque d’explication. Il laisse en effet le lecteur face à sa propre imagination, volontairement j’imagine.
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