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Le prix de la libertéSe lit comme un polar avec au fond de soi la peur que quelque chose tourne mal pour l’un ou pour l’autre, ce qui veut dire un réel attachement pour les différents personnages et des sentiments vis à vis d’eux qui se développent au fil des pages. Voilà un roman intéressant par son sujet, intriguant par son approche et en outre fort bien écrit. Antoine Bello est un écrivain qui sait décrire les situations et entraîner son lecteur dans un environnement somptueux (le Nouveau Mexique) tout en lui contant l’histoire d’une famille et plus particulièrement d’un homme qui a soif de liberté et est prêt à en payer le prix fort.
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Ni vu ni connu
Bon, je relève la tête un peu ahurie, la nuque me fait mal : je viens d’engloutir en quelques heures le dernier livre d’Antoine Bello et j’ai vraiment beaucoup, beaucoup aimé ! Je crois que je vais devenir une inconditionnelle de cet auteur : après Ada qui m’avait enthousiasmée, j’ai de nouveau ressenti ce même bonheur de lecture en découvrant L’homme qui s’envola. Lireaulit: http ://lireaulit.blogspot.fr/ A la fois roman psychologique et thriller, très bien !
« L’homme qui s’envola » d’Antoine Bello est à la fois un roman psychologique et un thriller. Walker est le dirigeant américain d’un grand groupe, mari aimant et père de trois enfants. Bref, il a tout, et pourtant il n’est pas heureux. Trop de contraintes familiales et professionnelles qui le privent de ce qui lui est le plus cher, sa liberté, en particulier la liberté de gérer son temps comme il l’entend. Il décide donc d’organiser sa disparition pour refaire sa vie ailleurs. Nous suivons alors l’organisation de sa mort et sa fuite. Le jeu du chat et de la souris ou tel est pris qui croyait prendre
Propos liminaire : je sais que je dévoile un peu trop l’intrigue, mais sachez que cela ne vous empêchera pas de prendre plaisir à lire la nouvelle production « belloienne ». John Walker vit à Albuquerque. Il y a repris l’entreprise de messagerie fondée par son beau-père et en a fait un concurrent des DHL et compagnie. Il a trois enfants, d’un peu tous les âges, une vie de famille bien remplie et une vie professionnelle pour laquelle il se dépense sans compter, de l’argent plus qu’il n’en faut. Et pourtant, il ressent avec une terrible acuité la vanité de sa vie. A se demander « Pour quoi ? », il finit par se dire que disparaître en simulant sa mort et refaire sa vie ailleurs pourrait être une solution. Walker (l’homme qui marche vers son destin et qui fuit littéralement sa vie « who walks away from his life »), qui ne fait jamais les choses à moitié, s’empare de cette simple problématique pour en pousser l’analyse tellement à fond qu’il finit par mettre son plan à exécution. Mais c’est sans compter l’intervention de Nick Shepherd, missionné par la compagnie d’assurance pour vérifier la réalité de la disparition de Walker avant de payer la prime à la société que ce dernier dirigeait. Shepherd endosse donc le rôle du berger chargé de ramener la brebis au bercail si tant est que la brebis se laisse attraper. Se joue alors devant le lecteur un jeu du chat et de la souris où Walker et Shepherd, Antoine Bello s’amusant une fois de plus à jouer sur les noms de ses personnages, changent de pelage au grès des envies de l’auteur. Entre Walker et Shepherd, ce jeu est un peu un jeu de dupes : tout d’abord chacun à tour de rôle à au son « ennemi » au bout de sa lorgnette, littéralement pour Walker qui ne voit d’issue possible que dans la disparition de Shepherd et plus prosaïquement pour Shepherd qui avait retrouvé la trace de Walker, sans que ni l’un ni l’autre ne mette la touche finale à leurs pièges réciproques… ensuite parce que chacun tentera de se mettre dans la peau et dans la tête de l’autre, l’un pour comprendre comment échapper au premier et l’autre pour anticiper les mouvements du second… enfin parce que appréhender le mode de raisonnement de l’autre biaise et fausse forcément son propre raisonnement, car, à partir du moment où on comprend la pensée de l’autre, faut-il agir en accord ou en opposition à cette pensée dans la mesure où le seul paramètre qu’on ne maîtrise finalement pas réside dans le fait de savoir si l’adversaire va agir en accord ou en opposition avec son raisonnement à soi ? Antoine Bello propose donc un récit où finalement il n’y a pas de perdant mais que des vainqueurs, y compris Sarah, la femme abandonnée de Walker qui parviendra à faire son « deuil » d’un mari qui a choisi de maquiller sa disparition en mort. Antoine Bello parvient dans ce récit à ne prendre fait et cause pour aucun de ses protagonistes et fait en sorte de n’en rendre antipathique aucun des trois : ni Walker qui pourtant abandonne sa famille, ni Shepherd qui s’obstine à traquer Walker au-delà de toute raison, ni enfin Sarah qui par son aveuglement vis-à -vis du mal-être de son mari est la goutte d’eau qui aura fait déborder Walker. Si l’auteur joue tout au long du livre avec ses personnages, il n’en oublie pas pour autant, comme à son habitude, de jouer avec ses lecteurs, que ce soit au travers des noms de Shepherd et Walker, que ce soit au travers des jeux de dupe qu’il propose, comme autant de labyrinthes de pensées, à se demander si Antoine Bello et le lecteur ne sont pas respectivement en quelque sorte les pendants dans la réalité de Walker (dont Antoine Bello reconnaît qu’il est un personnage particulièrement autobiographique) et de Shepherd. Antoine Bello est un fin scénariste de ses romans, il ne fait pas un synopsis de 50 pages pour rien et cette structuration fine de ses histoires oblige forcément le lecteur à se poser mille questions sur les intentions véritables de l’auteur, au-delà des thèmes abordés sur la fuite du temps, sur l’espace de liberté que doit conserver chaque individu pour assimiler et absorber les contraintes inhérentes à la vie familiale, à la vie professionnelle… à la vie tout court. Ce n’est donc certainement pas le livre le plus inventif d’Antoine Bello mais l’un des plus vertigineux dans la mise en abyme à laquelle il invite le lecteur tout en donnant de sa personne. Son réalisme rend cette histoire très (trop ?) proche du lecteur qui se demande s’il pourrait faire la même chose que Walker. Antoine Bello poursuit donc la construction de son « Å“uvre », méthodiquement, chaque livre ayant sa propre place dans cet univers multi-facettes et multi-fascinant. Que du bonheur !
Je m’aperçois qu’Antoine Bello est entré dans la famille des auteurs dont je me précipite sur la dernière livraison sans même me soucier du sujet abordé. De toute façon, on ne s’ennuie jamais avec lui. On joue, on réfléchit, on se régale et on se sent même plus intelligent à la fin. L’homme qui s’envola tient toutes ses promesses. Un peu moins ludique que Ada ou moins caustique que Roman américain, il offre néanmoins une belle densité dans le propos alors même que le rythme effréné de l’intrigue en fait un véritable page turner. A partir d’un thème plutôt connu – l’envie de disparaître et de changer de vie – Antoine Bello nous offre une variation tout en questionnement sur le bonheur. Car John Walker, l’homme qui décide de disparaître a toutes les apparences du bonheur. Dans son fief d’Albuquerque (Nouveau Mexique), chef d’entreprise en pleine réussite, figure de l’économie locale et générale, il forme depuis vingt ans avec sa femme Sarah un couple envié et admiré, parent de trois beaux enfants. Il a tout, Walker. Tout sauf ce qui lui est le plus précieux : le temps. Lorsqu’il met en scène sa disparation, la compagnie d’assurances dépêche un enquêteur afin de s’assurer de la réalité du décès d’un homme qui va leur coûter 30 millions de dollars (on les comprend). Shepherd est le meilleur dans son domaine et très vite, il devine que Walker est toujours vivant… Dans le jeu du chat et de la souris qui nous est alors proposé s’affrontent deux cerveaux que l’on imagine très bien face à face devant un échiquier, au summum de leur art. Calcul, anticipation, feinte, observation… Shepherd est peut-être le meilleur dans son domaine, il a enfin rencontré un adversaire à sa taille, pour le plus grand bonheur du lecteur qui a la chance d’explorer le fonctionnement de chacun de leurs cerveaux. Et si la majeure partie de leurs réflexions concernent tactique et stratégie pour déjouer les plans de l’autre, ils n’oublient pas d’explorer des ressorts plus intimes. D’ailleurs, la partition se joue à trois voix, celle de Sarah se joignant à celles des deux hommes. Trois voix par lesquelles s’expriment les doutes, les conceptions du bonheur, les frustrations et les envies. Où l’on s’aperçoit des différences de conception au sein même d’un couple qui offre toutes les apparences de l’entente parfaite… Où l’on s’aperçoit aussi que la notion de réussite est éminemment subjective. Le personnage de Walker, toujours en mouvement, pressé, râlant contre ceux qui le retardent est fascinant. Il avance, décide, tranche et avance encore. Il se présente comme un faiseur, quitte à faire lui-même ce que les autres tardent trop à entreprendre, toujours dans un état d’esprit positif… Il avance, vite, mais vers où exactement ? Voilà . Sachez qu’en disant cela, je ne vous ai rien dévoilé de ce qui se joue au cours de cette course poursuite haletante, ni de ce que chaque protagoniste va apprendre sur lui-même ou les autres. Quant à savoir qui va gagner…. vous savez ce qu’il vous reste à faire. Retrouvez Nicole sur son blogÂ
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nuit blanche
L’homme qui s’envola
Les romans d’Antoine Bello sont admirablement structurés et l’écriture efficace. « Walker ne comprenait pas cette logique : si chaque génération s’effaçait au profit de la suivante, quand s’épanouissait-on ? »
Walker et Sarah, c’est The American Dream dans toute sa splendeur : riches, beaux et heureux, ils ont *réussi*, comme on dit. Leur petite quarantaine est resplendissante, leurs trois enfants sont au top, sans parler de la société héritée du père de Sarah qu’ils ont rendue ultra compétitive. Tout cela a un coût (quand même !), Walker se sent piégé. Les années passant, même s’il aime toujours sa femme il n’adhère plus à son idéal de vie. Vif, rapide et précis, cet homme est une belle mécanique qui sent la panne arriver. Il ne voit pas d’issue dans une séparation, ce après quoi il court, la l.i.b.e.r.t.é, n’y gagnerait rien, les obligations liées aux enfants et futurs petits-enfants s’en accroîtraient, même. Alors, dès qu’il le peut, il prépare son évasion. Passer pour mort, repartir de zéro ailleurs vierge. |
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