Quand Shirley Banana, une petite fille orpheline de la « Fosse aux Gosses », avec trois poils sur la tête et deux yeux qui se disent flûte, se retrouve dotée des pouvoirs de Dieu, qui veut s’accorder une journée de repos, forcément, ça dépote ! Et quand le couvent qui leur sert de refuge est menacé de fermeture, Shirley se dit que c’est peut-être l’occasion de le sauver.
Ce roman est complétement fou, dingue, loufoque, crétin parfois ( si si j’vous assure). C’est un concentré de jeux de mots pourris, de situations burlesques, de personnages zinzins et mabouls, le tout dans un contexte déjanté. On éclate de rire, on secoue la tête, c’est un grand n’importe quoi ! Mais ça fait du bien !
Shirley Banana, c’est une petite fille qui vit dans un convent avec Amandine Painperdu, atteinte du syndrome de Gilles de la Tourette, Christelle Cancoillotte qui bave et vient d’une planète dans l’orbite de Neptune, Dino Split dont le visage est recouvert par des boutons dégoulinants de pus et Nathan Cervelas, tétraplégique au Q.I d’Einstein. Tous sont bourrés de tics, et ont des problèmes plus gros qu’eux. Autant dire une bande de joyeux lurons ! Tous ont des noms d’aliments, car la gourmandise, selon la mère supérieure, est le seul pêché auquel les sœurs ont du mal à résister. Qui dit couvent, dit aussi sœurs, forcément. Toutes plus barrées les unes que les autres.
Le jour où le convent n’a plus de budget et décide de vendre au profit d’un Centre minceur, il est grand temps pour les enfants d’être adopté. Mais tout ne va pas se passer comme prévu ! Car les enfants ont bien l’intention de rester vivre à « La Fosse aux Gosses ». Pour cela, ils vont mettre un plan à exécution. Mais il faudra aussi compter sur l’aide de Dieu, qui en a, lui aussi, décidé autrement. Il va d’ailleurs charger Shirley de prendre sa place le temps d’une journée.
Je ne veux pas dévoiler trop l’intrigue, elle se savoure. Mais sachez juste que c’est hilarant, plein de rebondissements et d’énergie car tout s’enchaîne ! Pas le temps de s’ennuyer. Ces enfants bras cassés vont vous faire marrer, c’est clair. « Je vous salue Shirley pleine de crasse… »
L’humour de ce roman est transgressif, décalé. Parfois on se dit : » Non elle n’est quand même pas allée jusque là ! » Eh si ! L’auteur ose tout ! C’est ironique, décomplexé et bourré de trouvailles grammaticales d’enfer. ( inexpliable, plaies des giptes, daisypileux…). J’ajoute également que l’humour des mots se retrouve dans les illustrations.
Mais attention, ce n’est pas juste un roman où on se fend la poire, Emilie Chazerand y aborde aussi un tas de sujet pas si drôle : ça parle de dieu, d’adoption, des conditions de travail à Disneyland, handicaps, de feuilletons télés, d’amitié et de famille. Un roman réussi donc !
Après l’excellent Les Fourmis rouges, le très réussi Le génie de la lampe de poche, venez déguster le nouveau roman pétillant d’Emile Chazerand pour ressortir (comme moi) avec la banane aux lèvres!